À Limoges, certains habitants du centre-ville ne supportent plus la fête foraine. Une association de riverains a lancé une pétition afin de dénoncer les nuisances sonores. Ils réclament le déménagement des forains au parc des expositions.
Posté sur son balcon, Daniel contemple, avec agacement, le parc du Champ-de-Juillet, au centre-ville de Limoges. Ce retraité occupe un appartement situé au septième étage. Au pied de l'immeuble, comme tous les ans, la fête foraine a pris place pour quatre semaines. "Nous avons des petits-enfants, actuellement. Le soir, pour les endormir, c'est un peu compliqué, témoigne-t-il. Nous avons aussi des voisins qui sont en télétravail. Pour eux, c'est absolument insupportable. Ils sont obligés d'avoir des bouchons d'oreille et en sourdine tout le temps !"
Trois amendes infligées en 2023
L'objet de ce courroux : le bruit. Voilà plusieurs années que pour les riverains de la fête foraine, la situation devient intenable. Le 29 décembre dernier, l'association "Bien vivre à Limoges" a lancé une pétition en ligne pour dénoncer les nuisances sonores. En quatre jours, elle a recueilli plus de cent dix signatures. L'un des signataires dénonce notamment "la problématique de l'amplitude horaire" : "Sept jours sur sept, la musique est diffusée de 13 h 30 à 22 heures. Mais la fête s'arrêtant à 23 heures, une fois que la musique est coupée, on entend les cris."
Un autre raconte : "Quand on rentre du travail, on veut se détendre, prendre un livre. On est obligé de mettre des boules Quies pour pouvoir se concentrer sur la lecture. Sinon, c'est impossible avec un tel volume sonore. Pour regarder une série, on est obligé de mettre des écouteurs, car on n'entend pas la télé !"
En octobre dernier, afin d'annoncer la tenue de l'événement, la municipalité a diffusé une lettre d'information aux habitants du quartier. Dans ce courrier, la mairie affirme poursuivre "le travail engagé pour lutter contre les nuisances sonores". Une "brigade de prévention du son" a notamment été déployée et des "contrôles inopinés" sont effectués. En 2023, trois amendes ont été infligées.
Un dialogue rompu entre riverains et forains
Propriétaires du manège "Pirates des Caraïbes" et représentant des forains, Jefferson Bouillon assure vouloir apaiser la situation. "On a réduit les heures d'ouverture, les heures de musique, pour que tout le monde soit content. Cette année, apparemment, cela n'a pas suffi. Au mois de janvier, on va avoir une réunion avec la mairie. On pourra discuter de ce qui s'est bien passé ou pas. On fera un bilan." L'un des riverains à l'origine de la pétition rapporte une autre version. D'après lui, toute discussion s'avère impossible : "Il y a un forain qui était à l'écoute. Un seul. Il a accepté de baisser le volume pendant dix minutes : effet nul. Les autres ont été fermés à tout dialogue : "Je suis ici, je fais ce que je veux, j'ai le droit de mettre de la musique ! Personne ne me dit rien !"
Une fête foraine, c'est dans le centre. Les gens viennent à pied. C'est le cœur de la ville.
Jefferson Bouillon, représentant des forains
Le déménagement de la fête foraine constitue la principale revendication de l'association. Les riverains souhaitent que l'événement soit déplacé en périphérie, au parc des expositions ou en zone industrielle. Les professionnels s'y opposent fermement : "Ce n'est pas une bonne idée, réfute Jefferson Bouillon. Une fête foraine, c'est dans le centre. Les gens viennent à pied. C'est le cœur de la ville. À l'extérieur, cela tuerait tous ces commerces. Parce qu'on est soixante-dix commerçants ! Ambulants, mais commerçants ! Si on va à l'extérieur, la semaine, ce sera mort, il n'y aura plus rien." Les forains comptent bien revenir sur le Champ-de-Juillet dès l'hiver prochain.