Créée à Limoges en 2016, l'association Escales Solidaires vient en aide aux personnes défavorisées. Cette année, l'État pourrait décider de lui retirer 70.000 euros de subventions, compromettant ainsi ses missions d'assistance aux plus démunis. Plusieurs autres associations d'action sociale sont également concernées.
En juillet 2024, la présidente d'Escales Solidaires Marie Morlière et le commissaire aux comptes de l'association sont reçus dans les locaux de la Direction départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations (DDCSPP) de la Haute-Vienne, le service de la préfecture dédié aux politiques publiques de lutte contre la pauvreté. On leur annonce que l'une de leurs subventions étatiques d'un montant de 40.000 euros leur est retirée et qu'une autre, de 30.000 euros, est gelée. "Cela veut dire qu’ils attendent des directives de l’État, qui ne viennent pas. Si on a une réponse, ce ne sera pas avant la fin d’année et la subvention sera de toute façon amoindrie ou supprimée", se désespère Marie Morlière.
Au total, ce sont donc 70.000 euros d'aides, près du quart de son budget, qui ne rentreront peut-être pas dans les caisses de la structure cette année. Un coup de massue pour les bénévoles.
Il y a d’abord de l'abattement, puis de l'incertitude parce qu'on n'a aucune visibilité et enfin une énergie à rester mobilisé sur le terrain. Parce que si les moyens diminuent, les besoins, eux, augmentent.
Marie Morlière, présidente d'Escales Solidairesà la rédaction web de France 3 Limousin
L'association Escales Solidaires est née dans le quartier des Coutures à Limoges en 2016. "C’était un rêve personnel qui s’est réalisé, d'abord avec un petit groupe de personnes, mais qui s'est très vite développé", explique la fondatrice Marie Morlière. En 2019, l'association est lauréate de prix de l'innovation sociale de la Région Nouvelle-Aquitaine. "Dans nos valeurs fondamentales, il y a l’inclusion participative. Les personnes qui peuvent être aidées deviennent aidantes à leur tour. C’est de l’entraide et de la solidarité. On a banni le terme de bénéficiaire", poursuit Marie Morlière.
Maraudes en danger
L'activité de l'association se divise en plusieurs pôles : un pôle veille sociale et urgences, avec des maraudes tous les dimanches après-midi dans les rues de Limoges. En 2023, Escales Solidaires a ainsi distribué 6834 repas pour les plus démunis.
Ce coup de rabot dans les subventions menace la pérennité des maraudes. "On est obligé de réduire ce que l’on peut distribuer aux maraudes. On ne peut plus acheter de denrées alimentaires, donc on distribue des produits issus de collectes ou de la Banque alimentaire, offerts par l’Europe.”
Autre pôle en danger : l'accueil de jour dans les locaux de l'association situés au 12 avenue Jean Gagnant. "Ce sont des activités ouvertes tous les jours de la semaine, du lundi au samedi. On propose des ateliers cuisine, des repas solidaires avec des personnes en précarité ou isolées, des ateliers de création à partir de récup', le fablab solidaire, des cours de musique..." Faute de pouvoir payer les locaux, toutes ces activités pourraient donc être suspendues.
L'association n'a, à ce jour, reçu aucune explication de la préfecture sur la baisse de ses subventions. Contactée par téléphone, la préfecture de la Haute-Vienne n'a pas donné suite à nos sollicitations à l'heure où nous écrivons ces lignes.
Plusieurs associations en difficulté
Toutefois, le cas d'Escales Solidaires n'est pas isolé. Selon nos informations, d'autres structures, dont la Croix Rouge de Limoges, ont, elles aussi, vu leurs moyens diminuer. "Je pense que le problème est politique, mais on ne nous le dit pas directement", avance Adrien Mercier, le trésorier d'Escales Solidaires. "On a l’impression qu’il y a un abandon des associations sociales et solidaires et qu’on ne jure que par l'insertion professionnelle. C'est oublier que les gens dans la rue ont d’abord besoin de sortir de la rue, de se reposer, de reprendre confiance en eux pour ensuite accéder à l’emploi", regrette le bénévole.
L'association a lancé une cagnotte en ligne pour leur venir en aide et s'est tournée vers la permanence du député LFI Damien Maudet, qui nous confirme avoir été approché par plusieurs associations d'entraide et de solidarité pour des problèmes similaires. Un courrier sera adressé par le député au ministre des Solidarités... dès que celui ou celle-ci aura été nommé.