Son principe repose sur l'analyse des organes et des tissus à la recherche d'éventuelles maladies. Du bloc opératoire au laboratoire, la discipline évolue avec le développement de l'intelligence artificielle. C'est une spécialité médicale peu connue et pourtant primordiale.
La scène se déroule au bloc opératoire de la clinique des Émailleurs, à Limoges. Le chirurgien intervient sur une patiente souffrant d'un cancer du sein. Le médecin extrait un ganglion dit "sentinelle", c'est-à-dire proche de la tumeur, et susceptible d'être envahi par celle-ci. L'objectif consiste à déterminer si d'autres organes sont touchés.
Un regard indispensable
C'est à ce moment-là que Barbara Pascal entre en jeu : c'est elle, en tant qu'anatomopathologiste, qui va effectuer cette analyse en temps réel, pour rechercher d'autres cellules tumorales. Cette spécialité médicale, peu connue, mais primordiale, aura un impact direct sur la suite de l’opération.
Dans une pièce adjacente, penchée sur son microscope, elle livre son verdict en quelques secondes : "Le ganglion sentinelle est indemne, sain. C'est une très bonne nouvelle." Conséquence : l'intervention chirurgicale sera plus courte et moins invasive. "C'est un travail d'équipe, explique Ousmane Loum, gynécologue à la Polyclinique de Limoges. Elles sont au courant de l'intervention. Dès que l'on a besoin, on les appelle, elles arrivent, elles nous donnent le résultat au bloc."
Le bureau de Barbara Pascal se trouve juste en face de l'établissement, au laboratoire Médipath. Ce groupe privé appartient à des médecins rassemblés pour investir dans un matériel de plus en plus coûteux. Ils reçoivent des organes et des tissus afin de traquer des anomalies liées à une maladie. Aujourd'hui, Pierre Frugier, technicien, dissèque par exemple un prélèvement d'utérus : "C'est une intervention pour une descente d'organes. On va vérifier l'endocol, l'exocol, pour voir s'il n'y a pas des polypes ou des lésions. Il faut un minimum de connaissances sur les organes et savoir surtout ce qu'il faut prélever." Après plusieurs minutes, il conclut "qu'il n'y a rien de visible".
Une fois ce premier filtre passé, les cellules vont être l'objet d'analyses plus poussées, selon des étapes bien établies, avant d'atterrir sous l'œil des anatomopathologistes.
Des résultats plus fiables et plus rapides grâce à l'intelligence artificielle
Postée non plus derrière un microscope, mais face à un ordinateur, Barbara Pascal peut ainsi étudier un frottis. Sur son écran, une infinité de taches colorées défilent, correspondant chacune à des photographies de cellules à scruter une par une. Heureusement, l'intelligence artificielle épaule aujourd'hui les médecins dans ce travail fastidieux. "Sur ce frottis, il y a 38 000 cellules. Avant, on regardait, on faisait le screening de la lame sur les 38 000 cellules, et l'œil devait s'arrêter sur les cellules atypiques, raconte la spécialiste. Là, c'est l'intelligence artificielle qui s'arrête et nous les montre."
À la clinique, selon le gynécologue Maxime Legros, ces nouvelles techniques représentent une aide précieuse "sur la fiabilisation des rendus des résultats de frottis et sur la rapidité d'interprétation". Or, l’anatomopathologie devrait encore évoluer avec l’intelligence artificielle. À terme, celle-ci permettra d'anticiper l’évolution des maladies ou de définir les meilleurs traitements.