“On n’est pas encore dans la période la plus difficile” : le marché immobilier au bord du gouffre en Haute-Vienne

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En Haute-Vienne, le nombre de permis de construire délivrés a été divisé par deux. ©Marine Guigné / Frédérique Bordes - France Télévisions

La Haute-Vienne enregistre la plus forte baisse du nombre de permis de construire accordés en Nouvelle Aquitaine : plus de 50%. Un effondrement de la construction neuve qui entraîne des tensions sur toute la chaîne de l'immobilier.

Une chute spectaculaire de plus de 50%. La Haute-Vienne enregistre la plus forte baisse du nombre de permis de construire délivrés en Nouvelle-Aquitaine en 2023. La Corrèze et la Creuse limitent les dégâts, même si le recul est également significatif dans les deux autres départements du Limousin.

Selon le think tanks de l’ordre régional des experts-comptables (Les think tanks sont des centres d'étude d'expertise extra universitaires, NDLR), le nombre de permis de construire délivrés en Haute-Vienne est passé en un an de 2200 à 1000. Un recul inédit selon Christian Prat-dit-Hauret, directeur scientifique de l'Institut Sofos : “Il y a des primo-accédants qui n’arrivent plus à acheter et financer l’acquisition par le fruit de leur travail. Donc, on a de manière générale un marché immobilier qui est bloqué.”

Cet effondrement est dû à plusieurs facteurs :

 

  • Le coût des matières premières et le coût de la main d’œuvre ;
  • Des taux d’intérêts qui ont quadruplé en moins de deux ans ;
  • Les nouvelles obligations en matière de rénovation énergétique ;

Jean-Marc David est constructeur indépendant, à la tête de trois agences, dont une à Limoges. Il assure ne pas avoir connu pareil contexte depuis la crise immobilière de 1993. Il a fait ses comptes et son chiffre d’affaires d’environ six millions d’euros par an devrait chuter de 30% cette année : “C’est inquiétant, parce qu’on gère aussi des salariés. Les salariés sont inquiets, ils voient bien que le marché est en train de se bloquer. Les rendez-vous sont aussi divisés par deux."

Ca crée des tensions sur toute la chaîne économique de la maison individuelle. On n’est pas encore dans la période la plus difficile.

Jean-Marc David

Constructeur de maisons individuelles

Sa société, qui employait dix-huit salariés l’an dernier, a dû réduire ses effectifs de trois postes, car le carnet de commandes fait grise mine, passant de cinquante constructions en moyenne chaque année, à trente-cinq en 2024. 

Les logements anciens sont aussi victimes de cette crise de l’immobilier. Selon la Fédération Nationale de L’immobilier, c’est même “la plus forte baisse des ventes sur un an jamais observée depuis plus de cinquante ans. Un choc !”.

Pénurie de logements

Un marché en panne, qui aggrave déjà la pénurie actuelle de logements. Une situation inédite selon Anthony Puig, à la tête d’une agence immobilière limougeaude : “Il est certain que si le neuf est complètement bloqué, avec l’arrivée du nouveau DPE en 2021 et des biens qui vont devenir inlouables, on aura un marché qui sera complètement gelé, tétanisé même, du fait qu’on aura quasiment plus de biens à proposer à nos acquéreurs ou à nos locataires.” 

Une bonne nouvelle se dessine peut-être pour les acheteurs et pour les vendeurs : la Banque de France prévoit un recul des taux d’intérêt en 2024, ce qui devrait les ramener autour de 3.5%. De quoi songer à investir de nouveau dans la pierre.

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