Denise Gayral est une militante des droits des femmes ou des consommateurs. Bénévole dans plusieurs associations, cette haut-viennoise a consacré cinquante années de sa vie à défendre les autres. Elle a ouvert pour nous son livre de souvenirs.
Denise Gayral est née à Paris en 1929.
Elle se souvient d’une enfance heureuse, gâtée… A une époque où les congés payés n’existent pas encore, la famille part en vacances tous les ans, "le samedi, on avait cinéma mais il fallait avoir bien travaillé…"
"J’ai été élevée dans cet esprit : pour recevoir, il fallait donner, l’un n’allait pas sans l’autre."
Denise Gayral en fera sa règle de vie.
L’exode de 1940, un souvenir douloureux
1940, l’armée allemande envahie la France… La famille de Denise Gayral fuit Paris "en voiture, nous étions privilégiés…"Mais les milliers de réfugiés, à pied sur les routes, contraints de se cacher dans les fossés pour échapper à l’aviation ennemie, "tous ces gens qui étaient tués alors qu’ils n’avaient rien demandé", marquent la jeune Denise.
Elle cherchera toujours, dès lors, comment aider les autres.
Les droits des femmes, son premier combat
Son mariage, la naissance d’une petite fille n’altèrent pas la volonté de Denise Gayral de venir en aide à autrui."Mon mari était catalan… Il n’était pas question de travailler…"
Mais la jeune femme, au caractère bien affirmé, n’a pas envie de consacrer son temps à la cuisine et au tricot.
"J’ai donc exigé un peu d’argent et une voiture pour aller vers les autres."
Dans les années 60, elle suit son mari, receveur des PTT, jusqu’en Béarn puis, au début des années 70, en Limousin… Un "choc des cultures" pour la jeune Parisienne.
Membre de l'Union Féminine Civique et Sociale, l’UFCS dont elle sera vice-présidente puis conseillère nationale, Denise Gayral s'engage pour faire évoluer la condition des femmes... Parlant ouvertement de sujets tabous pour l'époque : la contraception et l’avortement.
La condition des femmes en région fera l’objet d’un livret que Denise Gayral fera adopter par le Conseil Economique et Social Régional du Limousin, voix féminine dans "une instance largement masculine" pendant vingt-sept ans.
Droits du consommateur, la « plus importante bataille »
C’est en Limousin que l’engagement associatif de Denise Gayral se développe.La militante de l’UFCS poursuit son combat en faveur des femmes et de leurs droits mais, très vite, elle se voit confier une autre tâche : défendre les consommateurs.
A Limoges, Denise Gayral participe à la création de l’UROC, l’Union Régionale des Organisations de Consommateurs, qui deviendra le Centre Technique Régional de la Consommation.
De 1984 à 1998, elle en assure la vice-présidente, organise des stages de formation pour les militants, des permanences d'information pour les consommateurs.
Consommateurs limousins qu'elle représente lors de réunions à la Préfecture, à la Mairie de Limoges, au CESR...
Elle est également administratrice au CIV (Centre d'Information des Viandes), à l'OFIVAL (Office interprofessionnel des Viandes) ou encore au CERTIPAQ, l'organisme qui contrôle l'origine et la qualité des viandes.
Car la militante s'investie aussi auprès des agriculteurs et des éleveurs limousins dont les droits, dit-elle, sont indissociables de ceux des consommateurs.
Denise Gayral participe ainsi à l'élaboration de la charte "Veau sous la mère" et elle est aux cotés des éleveurs lors de la crise de la vache folle.
Une vie de militante bénévole
La médaille du Mérite, les grades de chevalier puis d'officier du Mérite agricole ont récompensé les cinquante années d’engagement associatif de Denise Gayral.A l'aube de ses quatre-vingt-dix ans, elle n'a rien oublié de ses combats et elle espère que d'autres vont les poursuivre.
"J’ai donné mon temps, je ne le regrette pas. Je suis contente de ce que j’ai fait et de tout ce que les gens m’ont apporté", dit Denise Gayral, toujours disponible lorsqu’on la sollicite pour évoquer sa vie de militante.