Un pharmacien de Haute-Vienne exaspéré : « On vient nous demander de la Nivaquine, c’est n’importe quoi !

Le médicament n’est disponible que sur ordonnance, mais certains tentent de se procurer de la chloroquine dans les pharmacies. C’est doublement inutile, parce que les professionnels de santé n’en délivrent pas sans prescription, et qu’il est en rupture de stock.

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Ils viennent "tenter leur chance", ce sont les mots d’un pharmacien de la Haute-Vienne qui tient à garder l’anonymat.  "Nous avons des gens qui essayent de se procurer du Plaquenil. C’est une demande spontanée, les gens en ont entendu parler, ils viennent."

Nous avons même des demandes pour d’autres antipaludéens,  le Lariam ou la Malarone, tout et n'importe quoi !

"Nous avons aussi des demandes pour de la Nivaquine, un autre médicament qui contient de la chloroquine, et même des demandes pour d’autres antipaludéens,  le Lariam ou la Malarone. Evidemment, nous ne leur délivrons rien de tout cela c’est hors de question !

"Certains font vraiment tout et n’importe quoi ! Comme l’hydroxychloroquine a été associée à un antibiotique, l’Azithromycine
(dans l’essai thérapeutique qui a mis en avant le Plaquenil et son composé actif, l’hydroxychloroquine dans la lutte contre le coronavirus -ndlr) on s’attend maintenant à ce qu’on vienne nous en demander aussi."


Chez le grossiste, le Plaquenil n'est plus disponible, nous sommes en rupture de stock


Pour ce pharmacien de la Haute-Vienne, le problème est aussi que ce fameux médicament présenté comme un espoir pour la guérison, le Plaquenil, est désormais en rupture de stock : "Chez le grossiste, il n’y en a plus, le fabriquant, Sanofi a contingenté la distribution. "

La rupture de stock est bien réelle, c’est ce que confirme Pierre Béguerie, il est président du conseil central de l’ordre des pharmaciens d’officine et pharmacien à Bidart, dans les Pyrénées-Atlantiques.

Un service d'urgence est en place, il n'y aura pas de problème pour les patients traités quotidiennement


Il précise d’emblée qu"il n’y aura "pas de problème pour les patients traités quotidiennement avec ce médicament. "J’ai eu les responsables de Sanofi ce matin (mardi 24 mars 2020), il y a des stocks de médicaments réservés pour spécialement pour ces patients. Un service d’urgence est mis à disposition des pharmaciens, avec un numéro vert destiné aux professionnels, et en envoyant les ordonnances, les officines pourront obtenir le médicament et le délivrer à ceux qui en ont besoin tous les jours."


Des prescriptions « au cas où » et une fuite du stock


"Ce qui s’est passé, c’est que confrontés à une forte demande, une demande inhabituelle, certains grossistes ont bloqué les stocks pour assurer les dispensations aux malades suivis. Il y a pu avoir une pression, de la part de personnels de santé, pour des prescriptions « au cas où » et une fuite du stock."

Depuis lundi 23 mars 2020, le ministre de la Santé a autorisé la prescription de l’hydroxychloroquine (Plaquenil) en milieu hospitalier en dehors des autorisations actuelles d’utilisations. A l’inverse, la délivrance de ce même médicament n’est plus autorisée par la médecine de ville, par les généralistes, en dehors des prescriptions habituelles.

Un appel au civisme et au sens des responsabilités de chacun

Pierre Béguerie en appelle au "civisme et au sens des responsabilités de chacun, professionnels de santé, mais surtout aux patients. Inutile d’essayer de se procurer ce médicament ou d’autres antipaludéens. Inutile d’essayer dans les officines, inutile, et dangereux aussi de tenter se procurer ces mêmes médicaments par internet. En France, seuls les pharmaciens peuvent faire de la vente en ligne, comme au comptoir, ils ne délivreront donc aucun médicament de ce type. Quant aux autres circuits de distribution, sans aucune garantie sur ce que contiendrait le produit en question, ça serait réellement s’exposer à d’autres risques".

Au-delà de la problématique de la  disponibilité du Plaquenil, la polémique reste entière autour de son utilisation massive. En attendant de nouvelles décisions ou les résultats des essais thérapeutiques menés à l'échelle européenne, une question précoccupe, chaque jour, les pharmaciens : les masques.

La pénurie de masque est toujours là

Dans la lutte contre la pandémie, ils sont toujours indisponibles en grand nombre. Notre pharmacien de la Haute-Vienne se dit en permanence "sous pression". "Nous devons être les gendarmes de la distribution des maques alors que nous avons si peu. C’est 18 pour un médecin par semaine ou pour les infirmiers, 6 pour un kiné ou des aides-soignants. "

Un seul masque doit faire plusieurs jours !

"J’ai eu une infirmière en pleurs qui est venue dans la pharmacie pour avoir des masques que je n’ai pas ! Elle travaille au CHU de Limoges. Et tous les vendredis, on doit faire un état des stocks et remplir un formulaire pour la CPAM. Nous mêmes nous sommes en manque de masques, les préparateurs n’y ont pas droit, officiellement ! Nous travaillons dans 100 m2 tous ensemble, avec le même risque, alors on partage la pénurie, 1 masque doit faire plusieurs jours !".



 
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