Avec une activité agricole souvent moins rémunératrice qu'autrefois, les agriculteurs cherchent à se diversifier pour compléter leurs revenus, notamment en rénovant des gîtes ruraux. Cette activité, a de nouveau la cote chez les fermiers. Une charge de travail à ne toutefois pas sous-estimer.
Pour Claudette et Guy Barret, les limousines représentent douze heures de labeur quotidien. Éleveurs depuis 43 et 46 ans à Lavignac (Haute-Vienne) dans le parc Périgord-Limousin, ils sont très fiers de leurs vaches. "On en a 160. En comptant les gros et les petits, on monte à 350," énumère l'éleveur.
Le couple a été le premier en Haute-Vienne à ouvrir, il y a vingt ans, un gîte rural grande capacité. Claudette et Guy en gèrent aujourd'hui trois, en plus de leur ferme. Forte de cette expérience, Claudette conseille de se diversifier quand l’exploitation est en croissance, et pas l’inverse.
La première difficulté, c'est que l'activité d'élevage ne dégage pas de revenus suffisants pour rémunérer l'exploitant et lui permettre d'investir [dans un gîte]. Avant de penser à diversifier, il faut déjà être à l'aise dans l'activité qu'on fait.
Claudette Barretéleveuse de bovins et propriétaire de gîtes à Lavignac
Leur fils de 25 ans, ingénieur à Toulouse, souhaite reprendre plus tard la ferme de Lavignac. "On compte transmettre une exploitation en pleine vie, qui fonctionne et dégage du revenu. On ne veut pas que ce soit un poids pour lui," considère Claudette. L'activité d'hébergement aussi ? "On ne sait pas. Pour l'instant, il n'est pas marié et reprendre une exploitation et un gîte comme on a, c'est l'histoire d'un couple," glisse-t-elle, sous entendant que l'accueil de touristes est une charge de travail à ne prendre à la légère.
Pleine saison pour les vaches... et les touristes
Car la difficulté en Limousin, terre d’élevage, est liée à cette activité justement : la période estivale, où les bovins nécessitent le plus d'attention, est exactement la même que celle des locations de gîtes. Alors attention aux fausses bonnes idées, il vaut mieux bien se préparer.
"C'est la période où la maison d'hôte fonctionne presque à 100%, et où l'exploitation agricole a aussi besoin de bras, Marie Dumaître, directrice des Gîtes de France de Haute-Vienne. Il faut bien peser ces choses-là avant d'amorcer un projet de diversification par la création d'un hébergement touristique."
Créés par des agriculteurs, les gîtes ruraux ont été délaissés par la profession dans les années 1990. Ces chiffres augmentent tout juste. "On est passés de 100% de propriétaires agriculteurs à moins de 2%. Aujourd'hui, on remonte pour atteindre environ 10% d'agriculteurs parmi nos propriétaires." Aujourd’hui, certains paysans prévoient des gîtes dès le lancement de leur projet d'installation.