Les Russes de France se disent pour beaucoup opposés à la guerre en Ukraine et en même temps solidaires de leurs proches et de leurs compatriotes désormais de plus en plus isolés par le conflit. Trois femmes témoignent à Limoges.
Depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, la pression s'est accrue sur le pays dirigé par Vladimir Poutine qui a dû rapidement faire face à des sanctions prononcées par la communauté internationale.
Les Occidentaux ont en particulier averti que des établissements russes seraient exclus du système interbancaire international Swift qui permet l'envoi d'argent entre pays.
A Limoges, plusieurs dizaines de Russes installés dans l'agglomération, étudiants ou salariés, suivent de près la situation et s'inquiètent de la dégradation annoncée de la vie quotidienne dans leur pays avec la fermeture des frontières.
C'est le cas de Maria, prénom d'emprunt pour cette jeune femme qui ne préfère pas donner son nom par peur de représailles, en France ou envers sa famille en Russie.
Je n'ai pas vu mes parents depuis trois ans et je suis inquiète. J'aimerais leur envoyer de l'argent car ils ne peuvent pas en retirer mais je ne peux pas en transférer. On ne veut pas souffrir à cause du jeu politique.
Maria
Double perception
Les Russes rencontrés à Limoges se disent contre la guerre en Ukraine, pays ami jusqu'alors, ex territoire de l'Union soviétique. En Russie, le discours est bien sûr très différent de celui entendu en occident.
"Le mot guerre n'est pas prononcé en Russie, on parle d'opération spéciale militaire pour défendre le Donbass" selon Svetlana remontée contre la désinformation dans les médias russes majoritairement pro Poutine.
La plupart des Russes pensent que Poutine a raison. Les gens qui sortent dans la rue contre la guerre sont courageux car c'est dangereux de faire ça. Ils peuvent finir battus.
Svetlana
Svetlana qui dit avoir "beaucoup d'amis Ukrainiens" se retrouve dans une position inconfortable à l'image de Victoria (*), Russe mariée à un Ukrainien.
Cela fait des tensions dans ma famille. Chaque côté montre sa vérité. Je dois soutenir mon mari et le peuple russe aussi. J'aimerais que la guerre se termine au plus vite.
Victoria
La jeune femme a participé à l'envoi de colis de vêtements pour les réfugiés ukrainiens et à une manifestation anti-guerre à Limoges. "J'essaie de rester neutre malgré tout".
A Limoges, l'association Droujba rassemble une centaine de personnes de Russie et des pays de l'ex-URSS. Ici, malgré les conflits en Ukraine depuis 2014, l'amitié entre les peuples résiste.
(*) : prénom d'emprunt.