Serge Gainsbourg, 30 ans après sa mort, retour sur ses liens avec le Limousin

Trente ans après la mort de Serge Gainsbourg, le 2 mars 1991, retour sur un bout de la vie de celui qui est considéré comme l’un des plus grand artiste français. Celle où il a trouvé refuge à Limoges puis Saint-Cyr pour échapper aux rafles pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Mort le 2 mars 1991 d’une crise cardiaque à seulement 62 ans, Serge Gainsbourg est considéré comme l’un des plus grands musiciens français. Cette légende de la chanson est né Lucien Ginsburg, le 2 avril 1928 à Paris. Si l’artiste et ses œuvres musicales sont connues de tous, une partie de sa vie l’est moins, celle de son adolescence cachée dans le Limousin.

 

►Le reportage de France 3 Limouisn (France Lemaire & Frédérique Bordes)
Intervenants : 
Christophe Guillot, musée de la Résistance
Alexandre Mazin, adjoint délégué à la culture à Saint-Léonard-de-Noblat

Le 2 mars 1991, Serge Gainsbourg nous quittait. L'histoire n'est pas très connue, mais l'artiste a passé deux ans de son adolescence en Haute-Vienne, à Limoges, puis Saint-Léonard-de-Noblat. Intervenant: Christophe Guillot, musée de la Résistance Alexandre Mazin, adjoint délégué à la culture à Saint-Léonard-de-Noblat

Lucien n’est âgé que de 14 ans lorsque son destin se scelle à celui de la région limousine. En 1942, la famille Ginsburg – d’origine russe et de confession juive - quitte Paris occupée pour éviter les rafles et trouve refuge à Limoges. La ville est alors située en zone libre bien qu’administrée par le gouvernement collaborationniste de Vichy.

Lucien et sa famille s'installent dans un hôtel meublé du 13 rue des Combes à Limoge, aidé par un ami musicien comme son père. Les Ginsburg changent alors leur nom pour celui de Guimbard. Mais le danger n'est jamais loin et les miliciens sèment la terreur.

Dans le deux-pièces sordide où nous vivions, ma mère avait dissimulé nos faux papiers sous la toile cirée de la table de cuisine. Un beau jour, perquisition, non pas des SS mais de la milice française, celle qui nous a fait le plus de mal. Ma mère s'assoit sur le coin de la table et dit aux mecs de fouiller à leur guise. Ils ont tout regardé mais ils ont oublié de demander à ma mère de se lever et ils n'ont rien trouvé.

Serge Gainsbourg

De Limoges à Saint-Cyr

En 1944, les parents de Lucien, Joseph et Olga, sont arrêtés et gardés en détention avant d'être relâchés, avec l'ordre de ne pas quitter Limoges. Ils décident malgré tout de fuir quelques jours plus tard à la campagne, à Saint-Cyr, à une vingtaine de kilomètres d'Oradour-sur-Glane, lieu du massacre commis par les SS le 10 juin 1944. 

De l'automne 43 à l'été 44, l’adolescent est interne au collège de Saint-Léonard, un établissement dans lequel il sera protégé, en tant qu'enfant juif. "Personne ne savait qu’elles étaient ses origines officiellement. Lui, étant juif, on avait un directeur qui les inscrivait sous un faux nom", racontait en 2016 Guy Moreau, ancien élève du lycée Saint-Léonard-de-Noblat. 

Le proviseur du Lycée ayant appris une prochaine descente de miliciens, ordonne à Serge de partir dans la forêt avec une hache. "Si tu vois des Allemands, tu diras que tu es le fils d'un bûcheron" lui dit-il. Il va alors rester plusieurs jours au milieu des bois. Un épisode marquant pour l'adolescent.

Les témoins de cette époque, qui ont croisé le chemin du Parisien, gardent le souvenir d'un enfant déraciné au milieu des paysans du Limousin.

C'était un élève très effacé et qui ne se plaisait pas dans le milieu dans lequel on était. Il était Parisien, nous, on était des paysans limousins. Pour lui, c'était ça.

Guy Moreau, ancien élève du lycée de Saint-Léonard-de-Noblat (2016)

La famille Ginsburg retourne à Paris à l'automne 1944.

Des années de silence

Bien des années plus tard, Serge Gainsbourg, alors artiste célèbre et reconnu sort un album "Rock around the Bunker" qui aborde la Seconde Guerre Mondiale et l’Allemagne nazie, s'inspirant de son expérience durant cette période.

Mais cette page douloureuse de sa vie dans le Limousin, vécue dans le climat de la guerre, est un passage difficile. Il n’en parle pas pendant très longtemps. Ce n’est que dans les années 1980 que le chanteur accepte d’évoquer ce déracinement qui le mena à notre région et lui apporta, pour quelques années, un refuge à l’horreur nazie.

Retours à Limoges ?

D'après les mémoires du chauffeur de Serge Gainsbourg, l'artiste reviendra à Limoges pour se ressourcer après sa séparation avec Brigitte Bardot.

En 2012, alors que la section littéraire du lycée de Saint-Léonard-de-Noblat est menacée de fermeture, l'établissement reçoit le soutien de Jane Birkin. "Quelqu'un a contacté le producteur de Jane Birkin et elle a envoyé un témoignage. Elle savait que Serge Gainsbourg avait été protégé par le proviseur du lycée" raconte Alexandre Mazin, adjoint délégué à la culture de la commune. A la rentrée suivante, non seulement la classe de seconde n'a pas fermé mais, en plus, le lycée a pu créer une section cinéma-audiovisuelle, une section qui permet aujourd'hui à la cité scolaire de rayonner sur tout le département. 

 

 

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information