Ce mercredi 27 novembre 2024, le groupe Valéo vient d’annoncer la suppression de 83 emplois sur 225 permanents à Limoges.

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Le coup est tombé ce mercredi après-midi. En comité social et économique à Limoges chez Valéo, la direction a annoncé 83 suppressions d’emploi sur 225.

On s’y attendait mais pas pour autant de personnes. Car notre site a encore de l’activité, on a 50 intérimaires, on fait des heures supplémentaires régulièrement. Il y a du travail et malheureusement on fait comme s’il n’y en avait pas.

Frédéric Darfeuille, secrétaire CGT du CSE Limoges

 

A l’usine de Limoges, on fabrique des embrayages, des produits voués à disparaître avec les automobiles automatiques. Leurs coûts de production sont plus élevés que dans les pays à bas coût, 45% plus cher pour les poids lourds et 35% pour les automobiles.

Le site d’Amiens est lui aussi touché par le Plan de Sauvegarde de l’Emploi. Il accuse un déficit important que Limoges serait censé éponger. "Le site de Limoges a toujours été un site rentable. Quand il y a eu la fusion en juin avec le site d’Amiens qui est déficitaire, on est devenu un site en déficit nous aussi. On nous a annoncé qu’on avait une marge négative", explique Ouassim Bakrim, délégué syndical CGT de Valéo Limoges. L’inquiétude pour les syndicats se concentre sur la suppression d’emplois administratifs. Il y en a 53 dont 13 dans la recherche et le développement, ce qui est un très mauvais signe.

Vives réactions des élus locaux

Alors que le conseil municipal de Limoges s'est réuni, ce mercredi 27 novembre, pour examiner ses orientations budgétaires, plusieurs élus ont réagi à cette mauvaise nouvelle. Le maire de la ville, Émile Roger Lombertie, a notamment rejeté la faute sur l'interdiction des moteurs thermiques à partir de 2035, votée l'an passé par l'Union européenne : "On ne peut que réagir avec douleur en pensant à ceux qui vont perdre leur emploi, a-t-il déploré. Nous risquons d'avoir des séquelles en cascade, car en Allemagne, c'est déjà le problème, ça commence. Et dans toute l'automobile française, il va y avoir des pertes d'emplois qui vont être générées par cette décision européenne et la concurrence étrangère, chinoise, importante. C'est une vraie difficulté et nous aurons à nous adapter, à soutenir nos populations."

Gilbert Bernard, conseiller municipal d'opposition (Gauche citoyenne, sociale et écologiste), a quant à lui dénoncé "les actionnaires, qui veulent toujours plus leur part de profit". "Cela nous inquiète, comme tous les élus de ce conseil municipal, a-t-il déclaré. En plus, on a appris récemment que Legrand fermait également un site sur Limoges, donc ce sont plusieurs centaines d'emplois qui sont supprimés sur Limoges. La variable d'ajustement, comme d'habitude, ce sont les salaires et les emplois. Et ça, on peut le regretter."

La fragilité vient aussi de notre situation d'enclavement. Il faut que notre territoire soit attractif.

Gulsen Yildirim, conseillère municipale (Gauche citoyenne, sociale et écologiste)

D'autres élus, comme Gulsen Yildirim (Gauche citoyenne, sociale et écologiste), ont mis l'accent sur des causes qu'ils estiment plus profondes, comme l'isolement géographique du Limousin. "Notre territoire est fragile sur le terrain économique. La fragilité vient aussi de notre situation d'enclavement. Tant que l'on n'aura pas réglé les questions de liaison entre Limoges et Paris, liaisons autoroutière ou routières, on sera dans une situation de fragilité. Il faut que notre territoire soit attractif. C'est aussi l'attractivité culturelle, universitaire, sur les équipements. C'est cette synergie qui va nous permettre d'accueillir d'autres entreprises."

La conseillère municipale d'opposition en a profité pour protester contre les coupes budgétaires que risquent de subir les collectivités territoriales avec le vote du Budget pour 2025 : "Il faut stopper ces ponctions budgétaires, parce que derrière l'action des collectivités locales, il y a tout simplement l'investissement. Dans notre territoire, l'investissement public représente 80%. Cela veut dire du travail et des marchés pour nos entreprises. Si l'on fragilise la situation budgétaire des collectivités, cela se répercute sur nos entreprises. Tout est lié. J'en appelle au gouvernement. Il ne faut pas toucher à des piliers qui permettent à nos entreprises d'avoir de l'activité."

 

C’est ce qui faisait notre force, notre capacité à innover et à sortir des produits nouveaux. C’était un grand atout et ces mesures, on pense que ça va mettre en péril notre site. On est très inquiet pour l’avenir.

Ouassim Bakrim, délégué syndical CGT de Valéo Limoges

 

Valéo à Limoges, une longue histoire

L’implantation de Valéo à Limoges remonte à 1972. 50 ans après la naissance de Valéo, une usine est construite à Limoges en Zone industrielle Nord. Elle est spécialisée dans une technologie : les frictions d’embrayages de véhicules. 

Dans cette usine, on trouve aussi un centre de recherche et de développement, car l’entreprise a souvent été précurseure sur le marché de l’automobile. Le fameux “BIP” qui retentit lors de la marche arrière de votre véhicule, c’est une invention de l’équipementier. En 1991, il invente aussi les premiers capteurs à ultrasons pour l’aide au stationnement et dans les années 2000, il développe la technologie Start & Stop.

 

Valéo, un poids lourd du secteur  

En 2022, le groupe a réalisé un chiffre d’affaires de 20 milliards d’euros. Valeo emploie près de 110 000 salariés répartis sur 184 sites de production à travers le monde. Depuis la crise du Covid-19, le groupe affichait une perte de 28% de son chiffre d'affaires pendant le confinement. 

Aujourd’hui, le groupe a annoncé de 868 postes sur huit sites français, dont deux fermetures définitives d’usine, une en région parisienne à La Verrière, une autre à La Suze-sur-Sarthe.

C'est d'abord l'inquiétude qui prédomine. Cette entreprise est quand même importante dans notre territoire. Plus largement, depuis plusieurs jours, plusieurs semaines, on a des informations sur des suppressions de postes, sur notre territoire ou à l'échelle nationale. Cela génère des inquiétudes et nous interpelle sur la situation économique de notre pays. On voit depuis des semaines que la situation se dégrade et que l'on nous a peut-être un petit peu caché l'état de notre pays, l'état des finances publiques. Cette incertitude joue sur le monde économique. On voit bien que la croissance est en berne et que la croissance en berne, cela se répercute sur le tissu économique. Ce sont des incertitudes économiques majeures. Vous connaissez le tissu économique de notre territoire, si ces mauvaises nouvelles se multiplient cela risque d'avoir un impact important. C'est pour cette raison que s'agissant des collectivités locales, il faut éviter de les mettre en difficulté, il faut stopper ces ponctions budgétaires, parce que derrière l'action des collectivités locales, il y a tout simplement l'investissement. Dans notre territoire, l'investissement public représente 80%. Cela veut dire du travail, des marchés pour nos entreprises. Si l'on fragilise la situation budgétaire des collectivités, cela se répercute sur nos entreprises. Tout est lié. J'en appelle au gouvernement. Il ne faut pas toucher à des piliers qui permettent à nos entreprises d'avoir de l'activité. 

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