"Tant pis pour les effets cancérigènes et les perturbations endocriniennes". Réactions en Haute-Vienne après l'autorisation du glyphosate pour dix ans de plus

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Le glyphosate a été réautorisé par la Commission européenne.
L'autorisation du glyphosate a été renouvelée pour dix ans par la Commission européenne. ©Matthieu Degremont

La Commission européenne a prolongé l'autorisation du glyphosate pour dix ans de plus, ce 16 novembre. En Haute-Vienne, les réactions sont nombreuses et particulièrement véhémentes à l'égard de cette décision. La Confédération paysanne dénonce "une erreur monumentale".

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Dix ans de plus. La Commission européenne a décidé, ce 16 novembre, de prolonger pour dix ans l'autorisation du glyphosate, l'herbicide le plus utilisé au monde, commercialisé sous le nom de Roundup et fabriqué par Monsanto, le géant américain spécialisé dans l'agrochimie.

En 2015, il est classé comme « cancérogène probable pour les humains » par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Selon une étude de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) publiée en 2021, le produit phytosanitaire pourrait provoquer des leucémies, en particulier chez les enfants.

Pourtant, l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a conclu, dans son dernier rapport publié en juillet 2023, que le glyphosate ne présentait « pas de domaine de préoccupation critique ». Un rapport sur lequel la Commission européenne s'est appuyée.

« Cela fait 50 ans qu'on entend le même discours sur le glyphosate »

En Haute-Vienne, les réactions sont nombreuses. Le docteur Pierre-Michel Périnaud, président de l'association Alerte des médecins sur les pesticides, est consterné. « Si on traduit, dire que nous n'avons pas d'alternatives au glyphosate, ce qui d'ailleurs est faux, signifie que puisque nous n'avons pas d'alternatives, tant pis pour les effets cancérigènes et les perturbations endocriniennes démontrés. C'est cela que ça veut dire, il faut donner la phrase entière ! »

Christophe Gatineau, spécialiste des agricultures alternatives, est, lui aussi, affligé par cette décision européenne : « Comme c'est le seul produit sur le marché, il n'y a aucune recherche pour en trouver d'autres. Il est évident que, tout naturellement, on allait conserver le glyphosate. Je crois que c'était une évidence et tout le monde, je veux dire les firmes et les autorités sanitaires européennes, travaillent dans ce sens-là. Cela fait cinquante ans qu'on entend le même discours autour du glyphosate ! »

« C'est très facile de se passer de glyphosate quand on est en polyculture, comme c'est le cas en Limousin »

De son côté, la Confédération paysanne dénonce « une erreur monumentale » et une « décision scandaleuse » dans un communiqué, alors qu'elle militait pour que la France vote son interdiction. « En France, on s'est engagé vers la suppression progressive de ce produit. Pour nous, c'était la bonne voie de le supprimer de la boîte à outils des agriculteurs, sachant que, pour des systèmes de polycultures-élevage comme on pratique en Limousin, se passer de glyphosate, c'est très facile », regrette Philippe Babaudou, porte-parole de la Confédération paysanne de la Haute-Vienne.

Seul heureux dans l'histoire : la Chambre d’agriculture, qui ressent une forme de soulagement. « Qu'on ait des molécules qui soient dangereuses, c'est un fait, mais l'EFSA n'est pas exactement d'accord. Ce que je sais, c'est qu'en France, l'usage du glyphosate est encadré, contrairement à d'autres produits qui ne le sont pas du tout », a déclaré Bertrand Venteau, président de la Chambre d'agriculture du département.

Les associations environnementales ont d’ores et déjà annoncé leur intention de contester la décision de la Commission européenne.

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