L'autonomie et l'indépendance alimentaire préoccupent de plus en plus de Français. Cultiver son potager est une amorce de solution, et les semences paysannes peuvent être utiles. Moins fragiles, elles peuvent être réutilisées d'une année à l'autre, contrairement aux graines industrielles. Elles permettent aussi de redécouvrir des fruits et légumes oubliés.
Dans son champ de Senillé-Saint-Sauveur, Karine Lam plante des fruits et légumes, pour prélever leurs graines. Spécialiste de la semence paysanne, elle cultive 25 variétés de plantes, parfois méconnus, comme le kiwano, un concombre venu d'Afrique. Une fois mûr, elle l'ouvre, le coupe en quatre pour récolter sa pulpe qui contient les graines.
Un peu plus loin, des plants de céleri rave sortent de terre. Carine Lam devra patienter 18 mois avant de pouvoir cueillir les graines sur les fleurs. Ces semences dites paysannes seront ensuite plantées par des jardiniers. Elles sont issues d’un long travail de sélection. L’objectif est d’obtenir le meilleur fruit ou légume. En plus d'être bon, il se doit d'être résistant : "Mon ennemi principal, c'est la chaleur et le changement climatique", déplore-t-elle. "Il faut que les plantes s'adaptent absolument, mais le changement climatique va trop vite pour elles, donc il faut chaque année qu'on les reproduise pour gardes les meilleures et qu'elles puissent se passer l'information qu'il va faire chaud, et qu'il faut qu'elles se renforcent vis-à-vis de la sécheresse."
Un bon plan pour le potager
Contrairement aux semences industrielles, les semences paysannes sont reproductibles. Il n'est donc pas nécessaire de racheter des graines d’une année sur l’autre.
Dans son potager de Jaunay-Clan, Philippe Orveau l'a bien compris. Ce retraité, membre de l'association Cultivons la biodiversité, fait pousser des betteraves, des poivrons ou encore des tomates. Devant les dernières tomates encore rouges, il se félicite du choix des semences paysannes : "On pourrait utiliser des semences du commerce, mais financièrement, c'est un coût important, et puis on ne pourrait pas avoir des tomates comme celles qu'on a là", confie-t-il, fier de sa production. "Il n'y a rien à voir, elles sont nettement meilleures."
Ce jardinier amateur est désormais autonome en semences. Cela fait huit ans qu’il n’a plus mis les pieds dans une jardinerie pour acheter ses plants de légumes.