Pour obtenir l'asile en France, il va devoir prouver son homosexualité, une orientation sexuelle qu'il n'a eu de cesse de cacher dans son pays d'origine pour échapper aux persécutions. À quelques jours de la marche des fiertés LGBT+, ce samedi 14 septembre à Limoges, voici son témoignage.
Nous l'appellerons Paul, pour préserver son identité. La vie de cet homme a basculé à la suite d'une relation amoureuse avec un autre homme qui faisait partie d'une famille influente au Cameroun. Cette relation, tenue bien sûr secrète, a finalement été dévoilée.
Plus tard, Paul raconte avoir été accusé d'un vol qu'il n'avait pas commis, il se retrouve détenu à la prison de Douhala. Pour lui, pas de doute, la raison de son emprisonnement était son orientation sexuelle.
Le motif n'est pas clairement établi sur l'homosexualité. Pour arrêter quelqu'un en flagrant délit d'homosexualité, il faut être deux. On ne pratique pas un acte sexuel tout seul. Donc, ce monsieur savait que s'il parlait d'homosexualité, eh bien, on lui demanderait avec qui j'étais. Forcément, ça ferait tomber son neveu.
PaulEn exil en raison de son homosexualité
Paul est finalement blanchi des accusations de vol, mais son esprit reste marqué : il sait que des situations similaires peuvent se reproduire et qu'il n'aura donc jamais la paix. Il n'a pas d'autre choix que l'exil pour espérer vivre sa vie.
Devoir se cacher tout le temps, changer de motel, changer d'endroit, vérifier toujours si la porte est bien fermée, marcher dans la rue sans se tenir la main, ne pas pouvoir se faire un baiser, ne pas pouvoir se faire un câlin, ne pas pouvoir se regarder amoureusement dans les yeux, ça ce n'est pas possible. Ce n'est pas possible de tenir cela toute une vie.
PaulEn exil en raison de son homosexualité
Dans son pays, l'homosexualité est considérée comme un délit, passible de cinq ans de prison. Il est aujourd'hui réfugié en France. Il doit faire la preuve de son orientation sexuelle pour obtenir le droit d'asile. Cette procédure lui redonne de l'espoir, mais s'avère plus compliquée qu'il ne l'avait imaginée :
Ce qui était sûr, c'est que je ne pouvais pas garder, par exemple, une photo de moi et de mon partenaire, en nous embrassant langoureusement, ce n'est pas possible. Si sur ton téléphone, on te voit avec un homme vous embrassant, c'est fini. Quand on a passé plus d'une vingtaine d'années à cacher son orientation sexuelle et qu'un bon matin, on vous demande de prouver votre orientation sexuelle, le contraste, il est grand, ce n'est pas évident.
PaulEn exil en raison de son homosexualité
Dans quelques semaines, il passera devant la commission chargée d'étudier sa demande d'asile, son statut de réfugier repose sur le récit de sa vie au Cameroun.