L'enquête ouverte en février 2024 par le parquet de Tulle contre le maire de Limoges et deux de ses adjoints pour harcèlement moral, tous les trois également vice-présidents de Limoges Métropole, a été confiée à la police judiciaire de Bordeaux, et les enquêteurs ont effectué de nombreuses auditions pendant cet été. Mais les trois mis en cause n'ont toujours pas été entendus.
L'avocate parisienne des deux plaignants, Maitre Christelle Mazza a découvert "avec consternation l'identité de ses deux clients" dans l'article publié ce lundi 9 septembre en ligne par nos confrères du Populaire du centre.
Deux plaignants
Depuis le 13 février, et la plainte déposée à l'encontre d'Émile Roger Lombertie, maire de Limoges, et de deux de ses adjoints pour "harcèlement moral et une autre infraction pouvant être qualifiée d'agression et de harcèlement sexuel", l'avocate s'efforçait de préserver l'anonymat des deux plaignants, même si c'était devenu un secret de polichinelle dans l'environnement des élus concernés à la ville de Limoges, à Limoges Métropole et au sein des deux collectivités.
Philippe Bernard-Reymond, ancien directeur général adjoint de Limoges Métropole pendant trois ans, et, depuis février dernier et le dépôt de la plainte, délégué général aux transitions écologiques et sociales, afin d'être préservé de tout contact avec les élus mis en cause, et Marie-Caroline Turlotte, ancienne directrice générale adjointe, notamment en charge du projet de BHNS (bus à haut niveau de service) jusqu'à son départ en octobre 2023, ont été longuement entendus par les enquêteurs de la police judiciaire de Bordeaux dans le cadre de l'enquête ouverte par le procureur de Tulle, selon notre confrère Franck Lagier. Pour rappel, l'affaire a été dépaysée en raison de son caractère sensible.
Il s'agit donc de deux cadres, haut placés dans l'organigramme de Limoges Métropole et en contact très régulier avec les élus sur des dossiers majeurs et parfois conflictuels, comme le BHNS.
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Marie-Caroline Turlotte avait auparavant exercé les fonctions de directrice générale adjointe chargée de l'attractivité et du développement à la ville de Limoges, pendant six ans, à partir de janvier 2015, et elle avait notamment en charge la rénovation de la place de la République et des halles centrales.
"Pas entendu, pas accès au dossier"
Selon le journal Le Monde qui a révélé l'affaire en février dernier, les plaignants dénoncent un "exercice anormal de l’autorité hiérarchique" par les trois élus visés et condamnent les "propos et comportements hautement problématiques et toxiques" du maire.
L'avocate des deux plaignants, spécialisée dans les affaires de harcèlement professionnel dans la fonction publique, a refusé de s'exprimer sur le dossier, mais dans la plainte déposée au nom de ses clients, elle aurait cité des dizaines de noms d'agents et des élus, qui auraient été entendus par les policiers bordelais ces dernières semaines.
En 2015, des élues d'opposition avaient déjà dénoncé des propos sexistes du maire à leur égard.
Selon Le Populaire du Centre, les enquêteurs se concentrent "sur la personnalité du maire, le fonctionnement entre les services de la ville et Limoges Métropole et à la façon dont le maire et les adjoints s'adressaient aux agents d'une manière générale et aux deux cadres ayant porté plainte en particulier".
Le maire de Limoges, Emile Roger Lombertie, et ses deux adjoints Catherine Mauguien-Sicard et Jean-Marie Lagedamont, tous les trois vice-présidents de Limoges Métropole, "n'ont toujours pas été entendus, ni convoqué par les enquêteurs, et ils n'ont toujours pas accès au dossier", selon l'entourage du maire, puisqu'il s'agit toujours d'une enquête préliminaire et pas d'une procédure d'instruction.
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Leur audition est pourtant probable dans les prochaines semaines afin de confronter leurs déclarations à celles figurant déjà dans la procédure.
Il reviendra ensuite au procureur de la République de Tulle de choisir entre l'ouverture d'une information judiciaire et le transfert du dossier à un juge d'instruction, un non-lieu et l'abandon des poursuites, où une citation directe à comparaitre pour le ou les élus relevant d'un délit pénal. Contacté ce mardi, ce dernier n'a pas souhaité s'exprimer sur l'affaire en cours.