Le bus du futur suscite des tensions entre la mairie et la métropole de Limoges

Le BHNS, bus à haut niveau de service, est-il en train de devenir un serpent de mer voué à ne jamais voir le jour ? Mardi 21 mai, lors d'un conseil municipal convoqué spécialement, le maire de Limoges a fait le point sur le dossier et exposé ses réticences sur les problèmes de circulations engendrés pour la ville. À l’issue, difficile d’y voir clair alors que le projet piétine et qu’aucun coup de pelle n’a encore été donné.

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Ce n'est pour le moment que de la fiction, mais il faut essayer d'imaginer. Du haut des marches du tribunal, fini le ballet incessant des automobiles. Le haut de la place d'Aine serait réservé aux piétons. L'essentiel des voies carrossables verrait se croiser deux nouvelles lignes de bus. Deux lignes, rapides, écologiques, cadencées toutes les 6 à 8 minutes, reliant Limoges et sa périphérie (Panazol et Isle) : c’est le bus à haut niveau de service ou BHNS. Un rêve pour certains, le cauchemar qui va affliger les automobilistes pour d'autres.

Ce projet lancé en 2016 devait être LE gros chantier du début du 21ᵉ siècle dans l'agglomération. Il n'existe pour le moment que sur le papier.

Un chambardement du centre-ville

Avant d'entamer des travaux, il faut surmonter un problème de taille  : le BHNS implique un immense remodelage du centre-ville. Plusieurs avenues seraient uniquement dédiées au bus impliquant : changement de sens de circulation, sens uniques et report du trafic dans de petites rues résidentielles.

En dehors de la place d'Aine, point névralgique des deux nouvelles lignes, plusieurs endroits de la ville seraient particulièrement affectés : la place Jourdan et le quartier de la gare. 

Les dernières avancées du projet ont donc été présentés en conseil municipal. La lourde tâche en a incombé à Vincent Jalby, premier adjoint.

Plans des quartiers à l'appui avec tracés rouges, flèches bleues, pistes cyclables orange, il a tenté de rendre lisible le futur plan de circulation. Nombre d'élus agglutinés devant les écrans ont bien tenté d'y comprendre quelque chose, visiblement en vain, vu leurs mines déconfites. 

Pourquoi un conseil municipal exclusivement dédié à cette question ? Les bouleversements engendrés par le BHNS semblent très mal acceptés par le maire de Limoges. Il a donc décidé de prendre à témoin les élus et les habitants du profond chambardement que ce projet implique.

Il pointe : la crainte de déstabiliser le commerce de centre-ville, de pourrir la vie des parents des 1 200 élèves scolarisés dans l'hyper centre. 

"Je me bats pour ma ville et pour mes concitoyens et je me bats pour que cette ville soit encore fonctionnelle en 2050" se défend Émile Roger Lombertie.

Le maire déplore que le dossier piétine. Un retard qui risque d'engendrer la perte de près de 16 millions d'euros de subventions. Pour autant, il refuse que la précipitation pénalise les habitants de Limoges. 

La délibération débattue mardi soir semble donc poser des conditions pour que les élus de Limoges continuent, ou pas, de soutenir le projet. L’opposition ne sait plus à quoi s’en tenir. 

Est-ce que vous avez vraiment envie du BHNS ?

Gulsen Yildirim, conseillère municipale d'opposition PS

"Est-ce que vous avez vraiment envie du BHNS ? Peut-être que vous n'en voulez pas, mais dans ce cas-là, vous assumez politiquement. Moi, je crains qu'en posant ces conditions, la situation va être bloquée. Vous allez prendre en otage les autres maires de l'agglomération qui pour beaucoup sont favorables, on va rater les subventions et au bout du bout, on aura enterré le BHNS" s'alarme Gulsen Yildirim, conseillère municipale d'opposition PS.

"On n'a pas du tout compris ce conseil municipal sur ce sujet à ce moment alors que depuis presque 10 ans, les élus de droite ont voté l'ensemble des délibérations en conseil communautaire. Je pense qu'il y a un problème de relation entre la ville de Limoges et l'agglomération", déplore Thierry Miguel, porte-parole du groupe d'opposition PS. 

L’agglomération, c’est Guillaume Guérin qui porte le projet de BHNS, grand absent hier, retenu au ministère des Transports. Depuis Paris, il temporise.

"Aujourd'hui, nous avons un maître d'œuvre, en l'occurrence le cabinet Egis qui a réalisé plusieurs dizaines de BHNS, qui est en ce moment en train de plancher sur le sens de circulation des places et des boulevards. Je dis : chaque chose en son temps, laissons travailler le cabinet Egis et faire des propositions aux élus communautaires, mais aussi au maire de Limoges". 

Une concertation publique sera organisée en septembre. L’occasion pour les citoyens de donner leur avis sur un projet estimé,  tout de même, à 213 millions d’euros.

 

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