Rama Mohammed Bouzan est meilleure apprentie de France : cette jeune réfugiée syrienne installée à Limoges a un parcours incroyable et une volonté sans limites pour réaliser ses objectifs. (Première publication le 9 décembre 2023)
"J'aime tout faire : les coupes, les brushings, les chignons, les couleurs artistiques, tout !"
À seulement 21 ans, depuis le 1ᵉʳ janvier 2024, Rama Mohammed Bouzan a déjà un parcours impressionnant. Cette Kurde Syrienne, originaire de la ville de Kobani, a fui la guerre en Syrie, en 2014. Après quelques années en Turquie, elle arrive finalement en France en 2020, et obtient son CAP coiffure l'année suivante.
Aujourd'hui, elle vit de sa passion dans un salon de coiffure à Limoges. En seulement huit mois, elle a remporté neuf concours départementaux, régionaux, et même nationaux : elle a gagné le prix de meilleure apprentie de France : "c'est beaucoup de travail, cela prend du temps, car il y a les études, les examens, le travail au salon, et à côté, je travaille même jusqu'à trois heures du matin, juste pour aller en concours".
Ce 19 février, la jeune femme se rend à Nantes pour participer à un trophée national. Elle espère décrocher une nouvelle médaille lors des remises de prix prévues à Paris.
"On lui souhaite de voir plus grand, de devenir une star"
Son ambition est à la hauteur de sa détermination hors du commun, comme l'affirme son employeur, Christophe Malmanche, gérant du salon de coiffure dans lequel elle travaille : "Rama est une fille que je n'aurai sûrement jamais deux fois dans ma carrière. Je sais qu'un jour, elle partira, mais je la suivrai, nous la suivrons, car elle aura une super carrière de toute façon".
Pourtant, lorsqu'elle a émis à ses parents le souhait de devenir coiffeuse, la jeune femme a dû faire face à quelques réticences. "Nous avons eu peur", reconnaît son père Mahyeddin Mohammed Bouzan. "On ne pensait pas qu'on pouvait gagner des médailles en coiffure en France. On voulait qu'elle devienne médecin ou ingénieure. Une fois qu'elle a mis les pieds dans la coiffure, on l'a encouragée, et elle a tout réussi. Nous sommes très fiers". "On lui souhaite de voir plus grand, de devenir une star", ajoute Khadija, sa mère.
Rama vit à Limoges avec sa famille, qui a quitté la Syrie alors qu'elle n'était encore qu'une enfant. Elle se rappelle : "Quand j'ai quitté mon pays, nous sommes restés trois nuits et trois jours entre la Turquie et la Syrie. C'était trop dur, car c'était la guerre et ce n'était pas notre choix de partir".
De sa vie passée en Syrie, il ne lui reste que quatre photos accrochées au mur de sa chambre. Des clichés, mais surtout des souvenirs précieux : "là, nous étions encore en Syrie... Ici, c'était pour les trois ans de ma sœur. Aujourd'hui, les membres de ma famille sont partout : en Turquie, en Syrie, en Irak, en Allemagne. Nous ne sommes plus ensemble, comme sur ces photos".
Bien que ces souvenirs soient douloureux, c'est sa ville d'adoption que Rama souhaite porter vers de nouveaux podiums : "pour l'instant, je préfère rester ici. Je souhaite devenir championne du monde de coiffure en représentant Limoges".
La compétition se déroule en octobre 2024. Les présélections sont programmées en juin et juillet prochain.