Yvonne Chabrelie était, pendant des années, cheffe d'exploitation sur sa ferme de 10 hectares à Brissac, près de Saint-Yrieix-la-Perche en Haute-Vienne. Un cas très rare dans les années 1950.
Yvonne Chabrelie nous accueille au sein de sa ferme, à Brissac, près de Saint-Yrieix-la-Perche (Haute-Vienne). Pendant des années, elle a géré seule une exploitation agricole de 10 hectares. Si la place des femmes dans les métiers agricoles évolue, dans les années 1950, sa situation est assez inédite.
La fibre agricole
La retraitée de 87 ans a grandi dans une famille d'agriculteurs : "Mon père était parti à la guerre, ma mère était toute seule, elle a fait ce qu'elle a pu. Après, ils ont acheté ici, c'était des ruines. Petit à petit ils ont refait une grange pour mettre des bêtes", se souvient-elle. "Il y avait des arbres fruitiers. À la saison, ils cueillaient des pommes, des cerises... Ils faisaient de l'argent là où ils pouvaient."
Enfant, elle aidait ses parents à la ferme : "Quand j'ai quitté l'école, même avant, je donnais un coup de main le samedi et le dimanche. Je guidais les vaches car il n'y avait pas de tracteurs. J'étais toujours derrière mon père", sourit-elle.
Puis, un jour, Yvonne s'est mariée. "J'avais monté mon troupeau de vaches et de cochons. Il revenait d'Algérie. Il avait son poids lourd et il transportait les pierres. Il m'aidait aussi à faire les foins le week-end et les vacances". En prononçant le mot "vacances", Yvonne esquisse un petit sourire. "Enfin, vacances, non. On ne pouvait pas laisser les bêtes."
"Quand la ferme est petite, les revenus le sont aussi"
Au début des années 1960, le couple acquiert son premier tracteur : "Ce n'était pas la même chose ! On faisait tout à la main, au rateau. Il a fallu économiser pour acheter les machines. Quand la ferme est petite, les revenus le sont aussi", raconte-t-elle.
Même à la retraite, Yvonne n'a jamais cessé d'être active : "Vous connaissez la retraite des agriculteurs et des agricultrices : elle n'est pas grosse. Ce n'est pas normal, on a beaucoup travaillé, cotisé ce qu'on nous a demandé. Que voulez-vous ? On prend ce qu'on nous donne. Je suis bien à la campagne, je resterai tant que je pourrai."
En janvier 2019, le ministère de l'agriculture et de l'alimentation a nommé Yvonne Chabrelie "Chevalier de l'Ordre du mérite agricole". Cette distinction honorifique a été instituée le 7 juillet 1883 par le ministre de l'Agriculture français Jules Méline, afin de récompenser les services rendus à l'agriculture.
VIDEO ⇒ Rencontre avec Yvonne signée Jean-Marie Arnal, Carole Maillard et Chrystele Reynard.