Au terme de deux jours d'audience, l'avocat général avait requis une peine de dix à douze ans de prison contre l'accusé. Le jury a rendu son verdict ce mardi à 21 heures, après trois heures de délibéré. Il a été condamné à douze ans ferme avec mandat de dépôt à l'audience.
Trente mois de détention provisoire et de bracelet électronique déjà effectués, se déduisent de la peine prononcée. La cour a également ordonné un suivi socio-judiciaire avec notamment une injonction de soins pendant cinq ans et l'interdiction de port d'armes pendant quinze ans. L'homme va devoir également indemniser les victimes et a l'interdiction d'entrer en contact avec elles. Il dispose de dix jours pour relever appel.
La peine requise par l'avocat général, ce mardi 13 juin devant la cour d'assises de la Haute-Vienne, contre l'accusé - jugé pour tentative d'assassinat sur la personne de l'actuel compagnon de son ex-épouse, pour des faits remontant au 27 juin 2020 - avait été de dix à douze ans de prison, l'interdiction de se rendre en Haute-Vienne pendant dix ans, un suivi socio-judiciaire avec injonction de soins.
Après une première journée d'audience, centrée sur le récit de son ex-compagne, qui raconte ses quatre années de vie conjugale rythmées par des violences et l'emprise psychologique, la seconde et ultime journée du procès a permis au jury de mieux cerner le profil psychologique de l'accusé, Rudy D. L'experte psychiatre n'a pas décelé de processus de dédoublement de la personnalité, ni d'autres pathologies.
« Détaché, en retrait, sans émotion »
Décrit comme calme, casanier et volontaire par son entourage, l'accusé a également été qualifié par l'experte psychiatre comme quelqu'un de "détaché, en retrait, sans émotion". Au moment où elle le rencontre en 2020, elle constate "une absence totale de culpabilité, le sentiment d'avoir été dans son bon droit."
"Monsieur D., c'est le besoin de tout contrôler, d'avoir le dernier mot...», a argumenté l'avocat général, Baptiste Porcher, lors de son réquisitoire. Ce dernier a également rappelé que, contrairement à ce qu'il a affirmé lors de l'audience, "il n'y a eu aucune intention de tourner la page entre 2019 et janvier 2020, puisque, durant cette période, a eu lieu la première agression physique sur le nouveau compagnon de son ancienne épouse, l'incendie du véhicule de celle-ci et la violation de son domicile pour lui voler son ordinateur et d'autres effets."
"Je voulais les tuer, mais je me suis retenu"
À l'appel de la présidente, Rudy D. se lève. "Qu'avez-vous à dire aux victimes ?", lui demande-t-elle. L'accusé se départit quelques minutes de l'assurance dont il fait preuve depuis l'ouverture du procès. Sa voix s'étreint quand il commence à répondre : "Je suis responsable de mes actes. Je voulais les tuer, c'est ça la base, mais je me suis retenu. Quand je l'étranglais, j'ai vu que j'arrivais à mes fins, que j'avais le dessus, je me suis retenu. Je n'ai plus aucun ressenti négatif. Je veux tourner la page. J'ai détruit ma vie, celle de mes enfants et d'autres vies. Je ne voulais pas en arriver là, je m'excuse, mais si j'avais voulu tuer, j'aurais tué."
Des excuses relativisées par Maître Anthony Zborala, avocat du couple victime : "Vous avez déjà adressé une lettre d'excuses pendant l'instruction, mais quelques semaines plus tard vous déclarez de nouveau la guerre à votre ex-épouse en déposant une plainte avec constitution de partie civile ! », a-t-il rétorqué.
L'intention de tuer de Rudy D. au cœur des débats
Pour l'avocate de la défense, Anne-Sophie Turpin, son client aurait "perdu pied", à cause de l'ordonnance de protection demandée par son ex-compagne, qui l’empêchait de voir ses deux enfants. Le nouveau compagnon de Camille V. était également un ami à lui, chose qu'il n'aurait pas supportée. "Il a vu, celui qui était un ami, celui venait l'aider à l'occasion pour les travaux à la micro-ferme que le couple avait créée à Blond, cet homme s'occuper de ses enfants. C'est désormais un autre qui les voit grandir, un autre qui leur apprend à faire du vélo", a développé Maître Turpin, lors de sa plaidoirie.
Son intention de tuer est néanmoins restée au cœur des débats. Pour son avocate, même si Rudy D. avoue avoir voulu tuer son ex-épouse et son compagnon, elle estime que la réalité ne correspond pas à cette intention : "Il se munit d'un marteau et non d'un couteau. S'il veut le tuer en le frappant, un seul coup peut suffire. S'il veut l'étrangler, il est costaud, il a le dessus et peut le tuer. Et alors qu'on veut faire croire que c'est un camion qui a ralenti et permis d'interrompre l'agression, c'est en réalité mon client qui s'est arrêté de lui-même et qui s’est enfui, car il réalisait la folie qu'il était en train de faire."
Le verdict sera rendu dans la soirée de ce mardi 13 juin.