Le retour des beaux jours est aussi le retour des tiques. En Limousin, cet insecte reste particulièrement présent et sa piqure n'est pas sans danger. Pour en savoir plus sur cet insecte, des études sont en cours.
C’est un prédateur minuscule, discret, mais redoutable : la tique a une technique d'attaque particulièrement bien rodée. Elle attend tranquillement que sa proie passe à porter pour s’agripper et se nourrir de son sang.
Désagréable, la tique est surtout vectrice de plusieurs maladies dont, la plus connue, la maladie de Lyme. En Limousin, l’espèce la plus fréquente est l’Ixodes ricinus, également appelée "tique du mouton".
Si l’insecte est encore mal connu, les récentes recherches en France permettent d’en savoir un peu plus. Sur son développement : « La première phase est celle de la larve (qui n’est pas infectée), elle effectue un premier repas et elle se transforme en nymphe (qui peut être potentiellement contaminée). La nymphe effectue à son tour un repas pour devenir une tique adulte mâle ou femelle (potentiellement contaminée aussi)», explique Colin Lambert, éducateur à l’environnement et chargé de projets à l’association CPIE des Pays Creusois.
La tique se développe dans des milieux herbacés : les forêts, les haies, les prairies, mais aussi les jardins. Ce qui explique, en autre, sa prolifération en Limousin. La présence d’une importante population de mammifères (gibiers, animaux domestiques ou d'élevages) contribue aussi à favoriser son développement. Si la tique aime l’humidité, en revanche, elle n’apprécie ni le froid, ni la sécheresse.
La tique, objet de recherche
Pour en savoir plus sur la tique, le CPIE des Pays Creusois participe depuis quelques années à un vaste projet de sensibilisation en partenariat avec l’Agence Régionale de Santé (ARS), les scientifiques de l’INRAE et du CPIE Nancy-Champenoux.
"L’objectif est d'en connaître davantage sur leur écologie et comment mieux s’en prémunir", poursuit Colin Lambert. Pas question, ici, d’aborder l’aspect médical, ce programme consiste surtout à organiser des sorties grand public et proposer des stands dans des manifestations. "Nous faisons aussi de la formation-prévention auprès des professionnels qui sont directement impactés par le problème des tiques : les agents des espaces verts, etc."
L’association creusoise participe également au portail scientifique CiTIQUE. Ce programme de recherche permet à chaque citoyen de signaler lorsqu’une personne ou un animal est piqué. "On peut également envoyer la tique directement au laboratoire. L’idée est de faire avancer la recherche ensemble afin d’avoir une meilleure connaissance des tiques et des maladies qu’elles transmettent". Des cartes permettent ainsi de voir quelles zones géographiques sont concernées.
Les mesures de prévention
Pour éviter ou limiter les piqures de tiques, il existe quelques mesures de prévention. Avant de partir en balades, il est donc conseillé d’enfiler des vêtements fermés et mettre un chapeau. Et au retour, la vigilance est de rigueur : "Il faut bien s’inspecter sur tout le corps et recommencer le lendemain, car les larves ou les nymphes sont très peu visibles dans un premier temps. Il faut également faire un contrôle plusieurs mois après en cas de grosse fatigue ou de syndrome grippal un peu violent", détaille l'éducateur du CPIE des Pays Creusois.
À noter, dans la moitié des cas de piqures infectées, un érythème (rougeur) apparait rapidement.
Enfin, en cas de piqure, aucun produit ne doit être appliqué. Utiliser un tire-tique et désinfecter après.
France Lyme aide les malades
Depuis plusieurs années, l’unique section de France Lyme en Limousin organise des permanences en Creuse pour informer et aider les personnes atteintes de maladies vectorielles à tiques. "Depuis le Covid, nous avons enregistré une baisse du nombre de personnes", regrette Michèle Baudry, la responsable départementale. Un paradoxe, car, dans un même temps, l’association enregistre au niveau national entre 200 et 300 demandes d’aide par mois. "Au niveau national, l’association estime à environ 300 000 le nombre de personnes atteintes par la maladie de Lyme et les autres co-infections. On est donc bien au-dessus des chiffres officiels (*voir plus bas)", poursuit la responsable creusoise.
L’association reste donc très active, notamment sur le site internet : "Pour le "mois en vert", qui est notre mois de prévention, nous avons mis en ligne un webinaire avec deux médecinsé, poursuit Michèle Baudry.
Dans le cadre de ce mois de mobilisation, l’association a également recueilli des témoignages de malades qu’elle diffuse sur les réseaux sociaux.
* Taux d’incidence maladie de Lyme Sentinelles : 71 000 pour 100 000 habitants en 2021.