Train et chaleur. Le message troublant de la SNCF qui propose d'annuler ou de reporter son voyage

Vous avez peut-être reçu ce mail de la SNCF, vous proposant d'annuler votre voyage entre Paris et Limoges, ou de le reporter en raison de la canicule. Le trafic ferroviaire peut, en effet, être impacté par la chaleur... Réchauffement climatique, vieillissement de la ligne, on fait le point.

Ce dimanche 20 août au soir, tous les voyageurs de la SNCF qui avaient réservé un train depuis Limoges pour se rendre à Paris ont reçu le message suivant : "Votre train pourrait être impacté par les fortes chaleurs. Vous pouvez reprogrammer votre voyage ou obtenir son remboursement, sans frais."

Pour ce voyageur, rencontré par notre équipe, ce lundi 21 août dans la matinée, pas le choix, malgré le message : "Oui, il fait chaud, mais j'ai besoin de rentrer pour le travail, donc il faut que je prenne le train." 

Une autre, se demande d'où vient cette recommandation, alors même que la chaleur touche notre pays tous les étés. 

Il y a pleins de pays chauds et les trains circulent. Je ne sais pas si c'est une vraie explication.

Voyageuse au départ de Limoges

France 3 Limousin

Le changement climatique et ses conséquences sur les trains... 

Conséquences des fortes chaleurs, il peut être décidé de réduire la vitesse sur le trajet entre Limoges et Paris par mesure de sécurité. Les trains Intercités peuvent donc rouler à 160 km/h à partir de Vierzon dans le Cher puis à 100 km/h entre l'Essonne et Paris. Comme toujours, de tels ralentissements occasionnent des retards à l'arrivée allant de vingt à trente minutes. Mais en milieu d'après-midi ce lundi, un seul train avait été retardé.

Les systèmes ferroviaires peuvent être impactés par les fortes chaleurs, tout comme par le froid. Sur le trajet Paris-Limoges, les infrastructures datent en effet de 1935. Les constructions, sur lesquelles reposent les caténaires, sont prévues pour compenser 40 degrés d'amplitude thermique sur l'année. Or, ce système vieillissant n'est plus adapté, car il ne permet pas de "retendre mécaniquement les caténaires", explique avec Benoît Lematelot, représentant de la CGT SNCF Limoges : "Aujourd'hui, avec le dérèglement climatique, on a une amplitude beaucoup plus grande entre l'hiver et l'été, et donc on n'est pas capable de l'absorber. Les caténaires, soit elles sont contraintes et donc hyper tendues en hiver, soit elles sont détendues en été."

Malgré des travaux de rénovation en cours sur la ligne POLT (Paris-Orléans-Limoges-Toulouse), ce problème pourrait perdurer, voire s'accentuer avec des températures qui montent toujours plus haut ou encore plus bas. En effet, des propositions ont été faites pour faire évoluer ce système d'installation des caténaires, mais pour le syndicaliste : "on a des collègues qui font des propositions d'innovation pour améliorer tout ça, mais ce sont des milliards sur une ligne comme celle-ci. L'État devrait mettre des budgets, mais ce n'est pas fait."

Avec un numéro vert pour le dérèglement climatique, on ne va pas aller loin.

Benoît Lematelot, représentant de la CGT SNCF Limoges

à France 3 Limousin

Des bouteilles d'eau, sans frigo

Si vous voyagez dans un train de la ligne POLT d'ici à ces prochains jours, vous pourrez demander une bouteille d'eau au personnel de bord, car le plan canicule oblige l'entreprise à en proposer. 

En revanche, les bouteilles ne sont pas réfrigérées. 

Selon le secrétaire général CGT cheminots de la Haute-Vienne, Loïc Couderc, cette situation est symbolique des conséquences des dernières réformes ferroviaires : "Du fait des restrictions de coûts, l'entreprise ne veut pas mettre les moyens nécessaires pour mettre des frigos en place, ou alors chacun doit gérer les siens."

C'est le voyageur qui en pâtit.

Loïc Couderc, secrétaire général CGT cheminots de la Haute-Vienne

France 3 Limousin

La SNCF, que nous avons contactée, a refusé de répondre à nos sollicitations. 

Une ligne à améliorer

L'amélioration de la ligne ferroviaire POLT (Paris-Orléans-Limoges-Toulouse) et la question des problèmes de température (le givre) était en discussion le 26 juin dernier à Brive, entre le ministre des Transports, Clément Beaune, les élus et les représentants de la SNCF. Une réunion de plusieurs heures qui a abouti à l'engagement de la SNCF à traiter le problème du givre.

Le prochain comité trimestriel aura lieu en octobre 2023 pour cette liaison ferroviaire qui n'en finit pas de faire débat.