Un couple comparait depuis ce lundi devant la Cour d’Assises de la Haute-Vienne, pour la mort de leur nourrisson, en février 2020, à Saint-Yrieix-la-Perche. Le bébé de trois mois avait succombé à des coups. Son père est accusé de violences et de meurtre, et sa mère de modification de la scène de crime.
Comment est mort le petit Mathéïs, le 27 février 2020, à Saint-Yrieix-la-Perche ?
Ce jour-là, à 7 h 33, ses parents appellent les secours, car leur bébé, né le 21 novembre 2019, ne respire plus. Mais à leur arrivée, l'enfant présente de multiples hématomes sur le corps, et son visage est tuméfié.
Selon les éléments de l'enquête, le père, allongé sur un canapé dans le salon, muet, ne semble pas concerné par ce qui arrive. Le médecin urgentiste rapporte, aux gendarmes arrivés sur les lieux, le récit que lui a fait la mère en pleurs : elle dormait et, à son réveil, aurait découvert son enfant sans vie. Pendant son appel aux secours, il a été entendu "je vais te tuer", "je vais tous vous tuer".
Un rapport d'autopsie éclairant
Le rapport d'autopsie conclue au décès de l'enfant par l'intervention d'un tiers. Il relate plusieurs fractures de la voûte du crâne, des saignements cérébraux, des ecchymoses et contusions sur le corps et le visage, mais révèle aussi des fractures de côtes anciennes et récentes, orientant vers plusieurs épisodes traumatiques pour l'enfant.
L'enfant, né prématuré, était suivi régulièrement depuis la naissance par de multiples professionnels (médecins, puéricultrice, assistants sociaux...), deux signalements avaient été faits, par l'hôpital de Saint-Yrieix-la-Perche et la Police municipale.
"Je suis paumé"
Lors de sa garde à vue, la mère avait déclaré avoir trouvé son enfant ne respirant plus, avec du sang qui lui sortait de la bouche. Elle aurait tenté de réanimer le bébé, sans se rendre compte qu’autant de temps s'était passé avant d’appeler les secours.
Le père, lui, déclarera être sous traitement antidépresseur et sous calmant, avec une forte consommation d'alcool, de cannabis. Il changera plusieurs fois de versions au cours de ses auditions et de la reconstitution, quant au déroulé du drame. Dans le box, sa fragilité semble altérer sa lucidité : "je suis paumé", déclare-t-il à la cour.
Détenu depuis, il encourt la réclusion criminelle à perpétuité, accusé d'avoir volontairement donné la mort à son enfant et de s'être montré violent à son encontre les semaines qui ont précédé le drame.
La mère, qui elle comparait libre, est accusée d'avoir modifié les lieux du crime pour empêcher la manifestation de la vérité et d'avoir exercé volontairement des violences sur son enfant antérieurement au drame. Elle risque cinq années d’emprisonnement.
Ce procès où enquêteurs, médecins, psychologues, psychiatres, voisins et famille vont se succéder à la barre doit durer une semaine.
Le verdict est attendu le vendredi 20 octobre, en fin d'après-midi.