Les grands groupes agroalimentaires sont souvent pointés du doigt par les producteurs de lait qui réclament des prix d'achat plus justes. La Haute-Vienne n'échappe pas à la règle, mais certains éleveurs parviennent à s'en sortir. C'est le cas de deux frères éleveurs qui ont choisi de changer de laiterie. Nous les avions rencontrés en octobre 2024 et nous avons pris de leurs nouvelles.

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Les grands groupes agroalimentaires sont souvent pointés du doigt par les producteurs de lait qui réclament des prix d'achat plus justes. La Haute-Vienne n'échappe pas à la règle, mais certains éleveurs parviennent à s'en sortir. C'est le cas de deux frères éleveurs qui ont choisi de changer de laiterie.

Dans leur exploitation de Maisonnais-sur-Tardoire, en Haute-Vienne, les frères Brandy élèvent des Limousines et des Prim’Holstein dans leur GAEC du Masveyraud. Des vaches laitières qui, depuis trois générations, alimentent une laiterie périgourdine. Mais cette laiterie est désormais devenue trop grande pour ces agriculteurs et elle ne correspond plus à leurs attentes. 

"Aujourd’hui, on est considérés comme des importateurs de lait, pas comme des exploitants, expliquait, en octobre dernier, Nicolas brandy à Emmanuel Denanot. On en a marre de ne pas être reconnus pour ce qu’on fait."

Un métier difficile pour peu de rémunérations


Dans cette exploitation, beaucoup d’activités ont été robotisées : la traite, la distribution de nourriture, des robots, massent même le dos des laitières. Mais le métier reste contraignant : "la traite le matin, la traite le soir. Même si c’est robotisé, il y a toujours de la surveillance à faire". Un travail qu’ils estiment aujourd'hui mal reconnu.

Les deux frères ont donc décidé de quitter leur ancienne laiterie pour rejoindre la laiterie Chavegrand, basée en Creuse. "C’est une petite laiterie familiale, c’est ce qui nous attirait plutôt que de travailler avec des multinationales comme aujourd’hui", poursuit Nicolas Brandy.

En changeant de laiterie, les deux éleveurs vont augmenter leur gain annuel. Au moment de notre reportage, la laiterie périgourdine achèterait leur lait 44 centimes le litre (soit 440 euros la tonne). La laiterie creusoise a proposé deux centimes de plus. La différence paraît minime, mais multipliée par les 720 000 litres produits chaque année par l’exploitation, cela représente 14 000 euros.

La laiterie périgourdine ayant dénoncé le contrat pour imposer son nouveau prix, les deux frères étaient libérés de leur engagement. Et pour l’avenir, ils se disaient pleins d’espoir : "La consommation est toujours la même, voire, elle augmente un petit peu, donc il faudra toujours du lait", assure Frédéric Brandy.

Le juste prix face à la concurrence

Si la laiterie Chavegrand a remporté, cette fois-ci, le marché, la concurrence reste rude. L’entreprise familiale creusoise qui travaille avec une centaine de producteurs basés dans cinq départements (La Creuse, l’Indre, la Haute-Vienne et l’Allier), a, face à elle, de grands groupes. Elle calcule donc ses prix d’achat au plus juste : le prix de base est calculé par les indicateurs, comme l’oblige la loi Egalim. Ces deux indicateurs calculent le coût de production du lait et la valorisation (les prix de vente sur les marchés). 

On a la chance d’être sur le marché de la « pâte molle » qui est relativement stable par rapport aux marchés du beurre ou de la poudre, cela nous permet de garder des prix assez stables. Après, on essaie de faire au mieux.

Hélène Faivre

Directrice admirative et financier de Chavegrand

Pour autant, la laiterie qui est installée dans un bassin peu productif doit également acheter du lait régulièrement à d’autres laiteries de Normandie et de Mayenne. "On n’est pas dans une logique de démarchage, mais la production, en général, baisse et on produit plus de fromages que de lait", expliquait alors Hélène Faivre.

Les deux nouveaux producteurs haut-viennois étaient donc les bienvenus.

Leur nouvel accord devait débuter au 1ᵉʳ novembre et permettre de les rapprocher un peu du « juste prix » qu’ils estiment 500 euros la tonne.

Que s'est-il passé depuis notre reportage ? 

Contacté par téléphone mi-décembre, Nicolas Brandy nous confirme le changement de laiterie, comme prévu début novembre. "Tout s'est bien déroulé, il faut attendre de voir comment ça va évoluer, vois les effets dans six mois. C'est une laiterie familiale, donc on peut mieux discuter." 

L'éleveur nous précise qu'ils sont invités, avec son frère, à visiter l'entreprise en janvier prochain. "On est en zone AOP beurre Charentes-Poitou, on va pouvoir livrer du lait à la laiterie d'Echiré, car notre lait correspond au cahier des charges. C'est du lait encore mieux valorisé."

Une très bonne nouvelle pour l'exploitation qui donne le moral aux deux frères et une forme d'optimisme prudent : "Aujourd'hui, il manque de lait partout, donc on sait qu'on peut changer... Mais faut pas lâcher la pression !" 

Et l'éleveur de conclure, sur forme de "à suivre" : "Je pense qu'on est sur le bon chemin, mais il y a encore du travail..."

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