Cette semaine, les pharmaciens du Limousin étaient de plus en plus nombreux à constater une pénurie inédite de vaccins contre la grippe. L’Etat est contraint de prendre le relais des laboratoires.
Plus aucune dose de vaccin contre la grippe. A peine quelques semaines après le début de la campagne de vaccination, cette pharmacie de Limoges a épuisé tous ses stocks : "On en avait prévu 420, ce qui représente une augmentation sensible puisque l’année dernière 350 avaient suffi à répondre à la demande", souligne Renaud Coiffe, vice-Président du syndicat des pharmaciens de Haute-Vienne, dans son officine.
Le pharmacien met cette pénurie sur le compte de la "ruée sur les vaccins" observée ces dernières semaines de la part de nombreux particuliers. "On a évidemment réservé les doses aux personnes prioritaires du fait de leur pathologie ou de leur âge, explique-t-il. Malgré tout, nous sommes en rupture de stock."
Les pouvoirs publics avaient lancé une vaste campagne de vaccination dès la mi-octobre.
Le gouvernement avait notamment ciblé les personnes vulnérables et les personnels de santé, pour éviter des potentielles comorbidités chez des patients atteints du Covid-19 et une éventuelle surmortalité.La campagne de vaccination contre la grippe débute ce 13 octobre.
— Olivier Véran (@olivierveran) October 13, 2020
Personnes âgées et fragiles, soignants des établissements de santé, de la ville ou des EHPAD, vous êtes prioritaires pour la vaccination.@ameli_actu @MinSoliSante https://t.co/rjMR0lO39l
Une demande exceptionnelle
Les pharmacies sont aujourd’hui dans l'impossibilité de répondre à cette demande exceptionnelle, car elles avaient passé commande bien avant le début de la pandémie. D’autant que cet afflux de clients intervient très tôt dans l’année : "D’ordinaire, les personnes se font vacciner tout au long de la période hivernale, mais se faire vacciner au mois d’octobre-novembre… La grippe ne circule pas à ce moment-là", fait remarquer, interloqué, Renaud Coiffe.Les laboratoires, quant à eux, mettront du temps réapprovisionner les officines : "C’est le processus de fabrication du vaccin qui est long, précise Pierre Béguerie, président du Conseil central de l’Ordre des pharmaciens d’officine. Cela dure trois à six mois. Et les laboratoires ne nous permettent pas de passer des commandes supplémentaires."
Un stock de 2,4 millions de doses débloqué
L’Etat est alors contraint de prendre le relais et de débloquer son stock de vaccins antigrippaux, soit 2,4 millions de doses. Les premières livraisons sont attendues pour le début de la semaine prochaine. Elles seront destinées aux résidents et personnels des Ehpads."C’est une bonne nouvelle car il y a eu une grosse campagne pour inciter à la vaccination chez les soignants, commente Chantal Tabuteau, directrice de l'EHPAD Marcel Faure de Limoges. Donc on avait pas mal de demandes cette année, cela aurait été dommage de ne pas la poursuivre."
Fin octobre, l’établissement avait vacciné une douzaine d’agents. "Je pense qu’on va pouvoir en vacciner une dizaine ou une douzaine de plus sans problème", estime la directrice.
Pour les autres patients prioritaires, les officines devront recevoir de nouvelles doses courant décembre. La direction générale de la santé rappelle que l'épidémie de grippe n'a pas encore commencé en France.