Donner son corps à la science, un sujet sensible... Cette démarche, aujourd'hui encadrée par de nouveaux textes de loi, depuis le scandale de l'Université Paris-Descartes, est indispensable pour permettre aux étudiants en médecine de se former. Illustration à Limoges.
Encadré par de nouveaux textes de lois, le sujet du don de corps à la science reste encore tabou en France. Au laboratoire d’anatomie de la faculté de médecine de Limoges, les étudiants de troisième année se spécialisent dans la connaissance des muscles, du squelette ou des organes. Pour ces futurs médecins, ces dons sont indispensables pour leur formation.
"Leur enthousiasme a concrétisé"
Pendant un cours d'anatomie, les étudiants limougeauds travaillent sous l’œil de Françoise. Elle donnera son corps, car elle veut aider à former ceux qui soigneront demain. "J’espère revenir dans ces locaux le plus tard possible... Mais leur enthousiasme a concrétisé ce choix que j’ai pris il y a quelques mois", confie Françoise.
Les corps arrivent dans une chambre froide, au maximum 48 heures après le décès. Ils sont conservés par Francis Daguet, technicien du laboratoire. Il est chargé de les recevoir et de les préparer pour les cours. "Quand on travaille sur un corps, cela reste particulier. On est obligé de faire attention", confie le technicien.
Pour donner son corps, il faut être majeur et s’inscrire auprès de la faculté de médecine. La démarche est gratuite, mais pour les proches, il n’y aura pas d’obsèques. Ce n’est pas un souci pour Françoise. "Ils ont respecté mon choix. Je leur ai dit qu’ils aillent au restaurant. Ce sera la cérémonie", rigole-t-elle.
Une cérémonie annuelle en hommage aux donneurs
La loi a beaucoup changé depuis le scandale de l’Université Paris-Descartes, en 2020, où des corps ont été retrouvés stockés dans des conditions indignes. De nombreux donneurs ont été rebutés à cause de cette affaire.
Face à ce scandale, le responsable du centre de Limoges se veut rassurant. "Paris-Descartes, ce sont 1 000 corps qui arrivent par an. Ici, ce sont 30 à 40 corps", explique le Professeur Denis Valleix.
De nos jours, les dons sont suffisants, mais avec l’augmentation du nombre d’étudiants, les besoins vont évoluer.
Une cérémonie annuelle pour rendre hommage à l’altruisme des donneurs sera désormais organisée au crématorium de Saint-Yrieix-la-Perche.