Depuis six décennies, l'établissement public de santé mentale La Valette prend en charge des patients à Saint-Vaury, Boussac et La Souterraine. La psychiatrie évolue et le matériel également, mais le manque de personnels est dénoncé par les syndicats.
60 ans de psychiatrie : une prise en charge plus humaine
Dans une salle sombre, une musique calme se fait entendre. Le bruit des vagues, le vent dans le feuillage. Une lumière de couleur chaude éclaire faiblement la pièce. Sur le mur, des images relaxantes sont projetées. Au milieu, deux fauteuils enveloppants ; des extensions en tissu permettent d'entourer une personne, comme une couverture.
Cette salle d'apaisement a ouvert en septembre 2022 dans le centre hospitalier La Valette, l'établissement public de santé mentale de la Creuse. Une innovation danoise, financée par l'Agence régionale de santé.
"Pour certains patients et certaines pathologies, on voit un effet très positif, se félicite Pascal Lemaitre, cadre de santé. Cela permet de travailler d'un point de vue psychologique et psychiatrique."
Depuis la création de l'établissement en 1961, la prise en charge des personnes a évolué. Un jardin thérapeutique a ainsi vu le jour il y a quelques années. Les patients volontaires en sont responsables. Une autre manière de voir la psychiatrie, loin des clichés tenaces.
Ce 1er juin 2023, le centre hospitalier fête son 60e anniversaire. La célébration aurait dû avoir lieu il y a deux ans, mais le covid en a décidé autrement.
Une bonne occasion pour mettre à l'honneur l'établissement de santé mentale. Avec 500 employés et 331 lits, le centre hospitalier dispose de 17 hectares pour s'occuper de personnes ayant des besoins psychologiques.
Avec une stratégie ces dernières années, limiter l'enfermement systématique. "On développe davantage nos structures extra-hospitalières pour avoir une hospitalisation vraiment en dernier recours", explique Arnaud Garcia, directeur délégué du centre hospitalier La Valette.
La contrainte budgétaire malgré tout
Mais le contexte est difficile : la loi Rist, tout d'abord, bouleverse l'équilibre précaire sur lequel reposait La Valette, réduisant le nombre de lits disponibles. Et puis, il y a le contexte national qui n'incite pas à la bonne humeur : la veille, le 31 mai 2023, se tenaient les obsèques de Carène Mézino, l'infirmière tuée à Reims, dans le cadre de son travail.
La situation de l'hôpital public est déplorée par la députée de la Creuse, Catherine Couturier (LFI), qui dénonce, dans son discours, le manque de moyens alloués.
Arnaud Garcia rappelle toutefois que deux millions d'euros sont déjà investis chaque année : "Si on a des moyens supplémentaires, nous saurons les utiliser, affirme-t-il. Mais nous croyons à la capacité de se réorganiser en interne, à notre capacité à réinventer des organisations, avec les moyens qu'on a."
Ces investissements servent à la rénovation et à l'amélioration de matériel, mais ne règlent pas la question du personnel.
Selon les délégués syndicaux de la CGT, il n'y a que deux psychiatres pour l'ensemble du centre hospitalier de La Valette ce 1er juin. Deux médecins pour prendre en charge les sites de Saint-Vaury, de La Souterraine et de Boussac soit deux psychiatres, pour plus de deux cents patients.
Une situation qu'Aline Gillet, déléguée syndicale CGT, juge inadmissible : "Aujourd'hui, il n'y en a qu'un seul sur l'établissement de Saint-Vaury, se désole-t-elle. S'il y a deux interventions à faire, qui va se déplacer ? À cause du manque de psychiatre, il y a eu des fermetures de lit en hôpital de jour. Parfois, vous pouvez avoir des appels pour une prise en charge qu'on est obligé de refuser."
Le syndicat CGT aimerait doubler le nombre de psychiatres, pour mieux accompagner les patients.