Le suicide de Lindsay, 13 ans, victime de harcèlement scolaire, a mis le pays en émoi. Le ministre de l’Éducation nationale, Pap Ndiaye a demandé vendredi aux chefs d’établissements des 7 000 collèges en France d’organiser, cette semaine, une heure de sensibilisation à ce fléau. Si l’initiative est saluée, la mise en place précipitée est pointée du doigt.
Donner la parole aux enfants. C’est la clé, selon Michelle Colonna Varenne, ex-enseignante, aujourd’hui présidente de l’association « Ose le dire 87 », qui lutte contre le harcèlement scolaire. Cette année, son association a sensibilisé 2000 élèves, alors elle approuve la pertinence de parler de ce fléau avec les adolescents, d’autant plus après le drame qui a touché Lindsay, il y a un mois maintenant.
« Je pense qu’il y en a qui sont traumatisés, il y en a qui sont harceleurs, il y en a qui sont harcelés… Donc de parler à chaud d’un sujet, à mon avis, c’est bénéfique. »
Michelle Colonna Varenne, Présidente de l'association "Ose le dire 87"
Une initiative précipitée mais saluée
Si le principe de cette heure de sensibilisation fait l’unanimité, la précipitation de sa mise en place fait réagir : des syndicats de l’enseignement dénoncent une improvisation permanente ou même un coup de communication.
L’utilité d’établir un échange sur le sujet est cependant saluée, notamment par les professionnels de santé.
« Les adolescents qui sont harcelés se retrouvent seuls, ils finissent par intégrer les attaques qu’ils subissent comme des vérités. »
Pr Bertrand Olliac, Chef de pôle au centre hospitalier Esquirol
Pour le médecin, ce genre d’initiative peut permettre une prise de conscience pour les premiers concernés : « De pouvoir en parler, de savoir que c’est une réalité, qu’il ne faut pas rester seul, que c’est un vrai problème, c’est une bonne chose. »
Accentuer la prévention
Depuis la rentrée 2022, le gouvernement a généralisé le dispositif pHARe, le programme de lutte contre le harcèlement à l’école. Aujourd’hui, 86 % des collèges et 60 % des écoles françaises sont inscrites dans ce plan d’action. Mais il reste beaucoup à faire, notamment auprès des professeurs.
« Tout ce qui sera fait dans le sens de la prise en compte et de la formation des enseignants est nécessaire. Leur accompagnement, ça permettra d’avoir une meilleure prévention, une meilleure réponse offerte aux adolescents qui subissent le harcèlement. »
Thomas Bordet, enseignant
Les directeurs de collège discuteront avec le Ministre de l’Éducation nationale ce mardi au sujet de cette heure de sensibilisation.
Si vous êtes témoins ou victimes de harcèlement, vous pouvez composer le numéro d'écoute gratuit 3020. L’important, c’est d’en parler.