Les infirmiers libéraux manifesteront le 12 mai dans de nombreuses villes françaises, dont Limoges. Ils demandent une revalorisation du tarif de leurs actes et une reconnaissance de leur rôle dans un contexte de baisse du nombre de médecins généralistes.
Vincent Villemonteix est infirmier libéral à Limoges. Ce jour-là, il doit injecter à l’une de ses patientes de l’insuline, et lui faire prendre des médicaments.
2e acte à moitié prix
Le premier acte lui est payé 100% par la sécurité sociale, le deuxième à 50%. La préparation du pilulier est offerte... Selon lui, ce service est pourtant indispensable : "Elle est dans l’incapacité de pouvoir gérer son traitement toute seule, parce qu’elle a plus d’une dizaine de lignes de traitement sur son ordonnance. Il y aurait trop de risques d’oubli ou de prise double, voire triple."
Pour la patiente, le rôle de l’infirmier va au-delà de ces soins quotidiens : "Il y a des problèmes qui peuvent se décider pendant la journée. Le lendemain matin, je lui en fais part immédiatement, et il me rassure."
L’emploi du temps de l’infirmier est souvent très chargé : 39 visites ce matin-là, 25 l'après-midi, dans un secteur urbain. Nous le suivons maintenant lors du changement d’un pansement, après une amputation.
Comme les autres soins, le tarif de cet acte n’a pas été revalorisé depuis 2009. Vincent Villemonteix détaille la rémunération de cette prise en charge : "On est à 6 euros 30 de l’acte, plus 2 euros 50 du déplacement. Au final, je vais avoir 8 euros 80, qui sont bruts. Après, derrière, j’ai mes charges. Net, je suis à 4 euros 50."
Manque de généralistes
Anne Brouillet travaille dans un autre environnement : elle est infirmière en zone rurale. Sur sa tournée la plus importante, elle parcourt plus de 300 kilomètres. La rémunération des trajets peut surprendre : "La caisse a décidé de nous payer au rabais à partir de 301 kilomètres. Donc, on est payé moins 50% sur l’indemnité kilométrique à partir de 300 kilomètres."
Elle dénonce une nomenclature qui complique la facturation de ses actes, avec un risque de passer pour une fraudeuse en cas d’erreur : "J’ai toujours une angoisse d’être contrôlée pour fraude parce qu’on pense que j’ai fait exprès. Ça m’oblige à sous-coter." Avec la baisse du nombre de médecins généralistes, elle doit aussi parfois rendre service à ses patients sans être rémunérée, par exemple pour des pansements : "J’évalue la plaie dans un premier temps. Si la plaie est vraiment grave, j’envoie la personne aux urgences. Si la plaie est moins grave, j’effectue le soin moi-même, sans ordonnance. Bénévolement."
Anne et Vincent manifesteront ce vendredi 12 mai devant la CPAM de Limoges pour faire entendre leurs revendications, alors que le gouvernement dit vouloir rénover le système de santé.