En Haute-Vienne, ils sont 150 vétérinaires dont seulement une quarantaine à exercer pour tout ou partie en milieu rural. Un désamour pour une profession pourtant nécessaire aux éleveurs et au bon fonctionnement de notre société.

Depuis 35 ans, dans un rayon de trente kilomètres autour de son cabinet, Olivier Chaumeil, vétérinaire à Ambazac ausculte, soigne les animaux. Quelles pathologies traite-t-il ?

"Tout ! Les pathologies infectieuses mais nous sommes également gynécologues, obstétriciens, pédiatres, chirurgiens. On est aussi psychologues. Toutes les pathologies possibles", martèle Olivier Chaumeil.

Claude Feissat, éleveur à Bessines en Haute-Vienne possède 130 vaches-mères dans son exploitation. La présence d'un vétérinaire auprès de ses bêtes est une nécessité.

"C'est une nécessité pour intervenir rapidement. Aujourd'hui, je ne sais pas quel secteur Olivier Chaumeil occupe vraiment mais je sais que c'est gigantesque. Quand il est aux abords de Limoges et qu'il doit remonter sur Bessines au nord du département, cela devient compliqué pour lui", explique Claude Feissat.

Les raisons d'une désaffection

Le cabinet d'Olivier Chaumeil soigne environ 8 000 têtes de bétail. Des vétérinaires de moins en moins nombreux en milieu rural. Quelles sont les raisons d'une telle désaffection ?

"C'est sociétal. C'est un métier qui est exigeant en terme de compétences, de don de sa personne, d'acceptation de l'effort, de renoncement à une certaine vie de famille. On a des compensations mais c'est devenu compliqué de faire accepter les contraintes aux jeunes générations. Il faut appuyer très fort sur les avantages et la beauté, l'espèce de plénitude que l'on peut avoir quand c'est bien fait...", témoigne Olivier Chaumeil.

Aujourd'hui, en Haute-Vienne, sur 150 praticiens, ils ne sont plus que seize vétérinaires à travailler uniquement en milieu rural, une baisse de 11% en cinq ans.

Dans la clinique d'Ambazac, un bloc opératoire permet de pratiquer des interventions chirurgicales. Un métier demandant une grande polyvalence, des conditions d'exercice qui ont changé avec le temps.

"Quand j'ai commencé, les matins, on commençait à 7h. On allait chez les éleveurs. Quand c'était fini, on s'asseyait au coin du feu, on allait boire le café, on fumait une petite cigarette...J'avais certainement plus de temps disponible pour faire des choses plus conviviales", regrette olivier Chaumeil.

Son cabinet d'Ambazac compte cinq vétérinaires. Il est moins touché que d'autres par la pénurie de médecins et a su attirer deux jeunes praticiens dont Kevin Vié.

Depuis deux ans et demi, il travaille en zone rurale. Lorsque nous l'avons rencontré, il dépistait auprès de bovins limousins des maladies telles la tuberculose, la brucellose ou la rhinotrachéite afin d'éviter les contagions. Quel regard un vétérinaire de 29 ans porte-t-il aujourd'hui sur sa profession ?

"C'est un métier qui surprend tout le temps. On n'est pas dans un métier de routine. Le jour où il n'y a plus de vétérinaires ruraux, s'il y a une pandémie animale comme la grippe aviaire, s'il n'y a pas de vétérinaires pour s'occuper des bêtes, cela va toucher l'homme au bout d'un moment", alerte Kevin Vié.

Un métier de passion qui peine à recruter. Il est pourtant indispensable à notre société. Pour tenter d'attirer de jeunes professionnels, la région Nouvelle-Aquitaine a créé une bourse de 6000 euros à l’attention d’élèves des écoles vétérinaires dont le dossier serait retenu pour intégrer le Master 2 “One health et santé publique” à l’université de Limoges. En ligne de mire, le projet de création d'une école vétérinaire à Limoges qui pourrait changer la donne, ou pas... 

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