L'Observatoire des violences sexistes et sexuelles de Nouvelle-Aquitaine constate une augmentation des plaintes et des interventions des forces de sécurité, concernant les femmes victimes de violences conjugales en Limousin. Des chiffres inquiétants. Ils traduisent aussi la libération de la parole des victimes.
Créé en 2021, l'Observatoire des violences sexistes et sexuelles de Nouvelle-Aquitaine a livré ses premiers chiffres concernant les violences conjugales. Ils sont issus des données de la police et de la gendarmerie, entre janvier et octobre 2021 et 2022.
Des chiffres qui traduisent une augmentation de ces violences sur l'ensemble de la Nouvelle-Aquitaine. Les trois départements du Limousin enregistrent aussi une hausse, entre 2021 et 2022 :
- Corrèze : + 8,4%
- Creuse : + 17,6%
- Haute-Vienne : + 21%
En 2022, la Haute-Vienne enregistre ainsi 742 faits de violences conjugales, La Corrèze 513 et la Creuse 301.
Des chiffres qui donnent le vertige, mais qu'il faut aussi savoir relativiser, précise Claire LLosa, juriste au CIDFF du Limousin (le Centre d'information sur les droits des femmes et des familles)
Depuis Me Too, il y a une libération de la parole des femmes
Claire Llosa, juriste CIDFF Limousin
"On en parle de plus en plus, et ces femmes victimes prennent conscience que ce qu'elles vivent n'est pas normal. Elles dénoncent davantage", explique Claire Llosa.
Les associations comme le CIDFF, mais aussi France Victimes, sont des supports essentiels pour libérer la parole des femmes, "elles viennent nous voir, on parle, et on les rassure pour les aider à porter plainte", indique Claire Llosa,
Car parler demande souvent un courage impressionnant.
12 ans de souffrances
J'ai cru mourir
Valérie, victime de violences conjugales pendant 12 ans
En 2018, pour Valérie, c'est le coup de trop. Des coups qu'elle encaisse depuis 12 ans.
Tant d'années de silence. Au début, quand les premiers coups tombent, elle ne comprend pas, elle a fait un mariage d'amour, elle pense que ça va s'arranger, mais son mari est de plus en plus souvent alcoolisé. Il développe aussi une emprise sur elle, la dévalorise, "j'étais lobotomisée", "ça vous ronge", dit-elle.
Elle a peur de lui. Et honte aussi de ce qu'elle vit, dans le secret de son foyer. Car elle vit à la campagne, elle craint le "qu'en dira-t-on", les commentaires malveillants.
Mais un jour de 2018, elle appelle France Victimes, qu'elle présente aujourd'hui comme son sauveur. "L'après-midi, j'avais les clefs d'un appartement", un refuge.
"Il faut un moment pour se relever", renchérit Valérie. Mais aujourd'hui, elle fait face, en aidant les autres femmes qui, comme elles, ont un jour eu le courage de dénoncer leur bourreau.
W!fe
À Saint-Léonard de Noblat, elle a créé W!fe (le W pour viols et violences, le point d'exclamation pour le danger, famille, enfants).
Dans une maison "la seule de ce type en milieu rural", s'enorgueillit Valérie, W!fe accueille des mères et leurs enfants, les écoute, les aide à retrouver un logement, à le meubler, à retrouver une vie, car souvent en quittant leur foyer, elles perdent tout.
(W!fe 06 28 29 18 20 - 24 heures sur 24)
L'association s'occupe aussi de prévention et d'éducation dans les collèges et les lycées.