Malgré les pluies, le Limousin reste menacé par une sécheresse estivale et un manque d'eau potable

La pluie est tombée sur le Limousin qui n'est pas, pour autant, sauvé d'une sécheresse estivale et d'un manque d'eau potable. Il faut rester très vigilant.

En cette fin de mois d'avril 2023, la nature a repris ses droits en Limousin. Les vaches ont recommencé à paître une herbe bien grasse, les arbres ont presque retrouvé leurs feuilles et les sols sont humides à souhait, après bien des inquiétudes liées à une sécheresse hivernale causée par un déficit de pluie en janvier et février. 

Pour autant, Françoise Marguerat, directrice de météo France Limoges, avertit :"Le mois de mars a été bienfaiteur avec des pluies excédentaires sur une grande partie du Limousin. On a dépassé la normale sans rattraper le déficit de l'année dernière. La pluviométrie d'avril ne sera pas excédentaire. Tout va maintenant dépendre des pluies de printemps."

En ligne de mire, une question de plus en plus inquiétante depuis quelques années : aura-t-on de l'eau potable en quantité suffisante pour passer l'été ?

Pas de nappe phréatique

Le Limousin se situe sur les contreforts du Massif Central. Son sous-sol est granitique et ne comporte donc quasiment aucune nappe phréatique. L'eau que l'on consomme ne peut ainsi être stockée qu'en petite quantité dans des fissures granitiques. 

Si ces dernières sont très réactives à la moindre pluie, leur capacité de stockage n'excède pas deux mois de consommation. 

Or, dans son bulletin de situation hydrologique du Limousin, daté du 1er avril, le Bureau Régional de Géologie Minière (BRGM), indique que "de nombreux secteurs du Limousin affichent des niveaux sous les normales. 70% des points d’observation sont modérément bas à très bas."

Malgré les pluies de ce mois de mars 2023, la situation est aussi défavorable que l’année dernière à la même époque.

Bulletin de situation hydrogéologique du Limousin

1er avril 2023

Les pluies de printemps seront en partie absorbées par la végétation qui a repris ses droits. Elles seront ainsi moins efficaces que celles qui sont tombées en hiver. 

C'est en Creuse que la situation est la plus problématique. Selon Pierre Schwartz, responsable de la direction des territoires du département, "les niveaux de surface sont bons, mais en souterrain, c'est très mauvais".

De la même manière, de nombreux piézomètres affichent des niveaux très insuffisants en Haute-Vienne. Toutes les petites villes et villages alimentés par des sources risqueront des coupures dès que les pluies se feront rares. La fin de l'été sera forcément la période la plus tendue puisque la capacité de stockage des fissures granitiques excède rarement deux mois de consommation.

Le cas particulier de Limoges

Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le maire de Limoges était un pharmacien de profession, très sensibilisé aux questions de santé. Alors qu'il était étudiant, Louis Longequeue s'est intéressé au réseau d'eau potable de Paris. Selon Alain Rodet, lui aussi ancien maire de Limoges et historien à ses heures, "il a visité un réservoir qui se trouve dans le XIVe arrondissement. C'est à ce moment qu'il a fait connaissance avec un ingénieur des eaux qu'il a sollicité quand il est devenu maire, pour avoir son opinion sur le site du Mazeaud".

Pour faire face à l'exode rural et à l'augmentation de la population dans les villes, Louis longequeue a décidé de faire construire une immense réserve d'eau potable de 6,2 millions de mètres cube d'eau grâce au barrage du Mazeaud. Ce dernier assure 50% des besoins en eau potable de Limoges qui compte trois autres réserves d'eau potable.

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Après la seconde guerre mondiale, les élus limougeauds ont eu la bonne idée de faire construire des réserves d'eau potable de surface pour alimenter la ville. ©Franck Petit, Matthieu Dégremont, Nicolas Stil

Les immenses réserves d'eau potable de Limoges n'étaient remplies qu'à 60% en février. Selon Philippe Janicot, vice-président de Limoges métropole chargé du réseau d'eau, les pluies de mars et avril ont permis de refaire totalement le stock d'eau. Limoge semble donc parée pour l'été. 

Saint-Junien, seconde ville du département alimentée par les barrages limougeauds, ne devrait donc pas non plus connaître de coupures lors de l'été prochain. 

Seuls les villages alimentés par des sources risquent d'avoir des problèmes.

En Corrèze

D'après les informations que nous avons pu recueillir, la Corrèze serait le département limousin le moins touché par les problèmes de sécheresse. 75 % des piézomètres du département sont orientés à la hausse. Un seul a atteint un niveau très bas à l'extrême sud du territoire. 

La Corrèze est sortie de la zone de vigilance début avril. Les préfets prennent des arrêtés de vigilance lorsque les déficits sont supérieurs de 20% par rapport à la normale. 

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