Ils ont 14 et 16 ans et ont traversé, seuls, l'Europe pour fuir la guerre en Ukraine. Les deux adolescents ont trouvé refuge chez une amie de leur mère, à Nexon, en Haute-Vienne.
Depuis le début du conflit en Ukraine, deux millions d'enfants et d'adolescents auraient quitté leur pays pour fuir les bombes. Certains ne sont pas accompagnés par leurs parents. C'est le cas de Daria,16 ans, et d'Oleksandr,14 ans, qui sont arrivés à Nexon il y a trois semaines, recueillis par une amie de leur mère, Kateryna, elle-aussi d’origine ukrainienne.
« Leur maman n’a pas pu quitter le pays, car elle est officier dans l’armée de terre. Elle ne va pas au front, mais elle ne peut pas quitter son travail. […] Elle les a emmenés à Lviv, puis les a acheminés à la frontière. Après, ils sont partis tous les deux à Cracovie (en Pologne, ndlr) où ils ont passé une nuit. Daria est bilingue, elle parle très bien polonais, donc elle s’est débrouillée pour trouver les billets de car jusqu’à Paris. », raconte Kateryna.
Une rencontre dans l'avion
Kateryna et Natacha (la maman des deux adolescents) s’étaient rencontrées il y a 5 ans dans un avion entre l’Ukraine et la France.
Le jeune Oleksandr (« Sacha », comme l’appellent ses proches) souffrait de graves problèmes de santé et devait se faire opérer. Kateryna, infirmière au CHU de Lille à l’époque, avait aidé la famille, et avait même hébergé la mère et le fils pendant plusieurs semaines.
Des liens forts s’étaient noués entre les deux femmes. C’est donc tout naturellement que, dès le début du conflit en Ukraine, elle a proposé d’accueillir les deux adolescents chez elle, à Nexon.
« Quand ils sont arrivés à la maison, la grande crachait ses poumons car elle a passé plusieurs semaines dans une cave, avec son asthme. C’était très compliqué pour dormir la nuit. Ils étaient pâles, ils ne rêvaient que d’une seule chose : rester tranquilles, se laver, et ils avaient faim ».
Quitter son pays, sa maison, ses amis
Pendant leur longue traversée du continent européen, Daria, 16 ans, a veillé sur son petit frère.
« Le plus dur dans ce voyage, c’est de comprendre qu’après ton départ, tu as tout laissé, ta maison, tes amis, et tu es obligée de partir », raconte-t-elle sans retenir ses larmes.
Les deux adolescents sont en contact téléphonique quotidien avec leur mère. Depuis deux semaines, ils sont tous les deux scolarisés à Limoges, lui en 6e au collège Jeanne d’Arc où il peut compter sur l’aide d’Anastasia (la fille de sa famille d’accueil) qui est bilingue, elle au lycée Renoir dans une classe qui suit des cours de Russe. « Tout à l’école m’a étonné », s’amuse Oleksandr, « Elle est vraiment très grande ! On va à la piscine avec l’école. C’est très différent. » Il y a quelques jours, Oleksandr a fêté son anniversaire, ses 14 ans, loin de sa maman.
Sa famille d’accueil lui avait préparé un gâteau surprise et un cadeau : une montre, sa première. Un peu de chaleur et de réconfort, loin des bombes et de l’horreur.