En Haute-Vienne, située en tête de bassin, les cours d’eau sont extrêmement nombreux. Pourtant les agriculteurs manquent toujours de cette ressource pour leurs activités. Gérer l’eau disponible dans le département est un véritable casse-tête.
L’eau est très souvent la source de problèmes et de conflits.
Installé à Eyjeaux en Haute-Vienne, Lionel Lachaud est éleveur de 200 vaches limousines.
"Il y a beaucoup d’eau ici", pourtant l’agriculteur en manque toujours pour nourrir ses bêtes, surtout en période estivale. Il a déjà réalisé quatre captages sur ses parcelles. Une vingtaine serait nécessaire mais pour cela, l’agriculteur doit demander l’autorisation à la Direction départementale du territoire.
Difficile de savoir sur quels "cours d’eau" les captages sont possibles. Un cours d’eau est protégé, à la différence d’un fossé ou un écoulement d’eau qui n’est pas soumis à la même réglementation. Chaque projet est étudié et ce sont les services de l’Etat qui le valide ou non."La première contrainte, c’est la contrainte réglementaire" Lionel Lachaud
Lionnel Lachaud explique : "Il y a des écoulements d’eau, des cours d’eau, il y a des ruisseaux, certains qui coulent l’hiver, d’autres qui ne coulent pas l’été (…) La définition est complexe à trouver". En résumé : la démarche est compliquée.
L’IGN répertorie les différents cours d’eau sur l’ensemble du territoire. En 2015, une circulaire gouvernementale demande aux services régionaux et départementaux de toute la France de réaliser une nouvelle cartographie des cours d’eau. Et en Haute-Vienne, la tâche n’est pas si simple…
Qu’est-ce qu’un cours d’eau ?
Selon la loi et la jurisprudence, un cours d’eau doit répondre à trois critères :- La présence permanente d’un lit naturel à l’origine
- Un débit suffisant la majeure partie de l’année
- L’alimentation par une source
La Haute-Vienne est une tête de bassin, c'est-à-dire que la zone est drainée par une multitude de petits cours d’eau proches des sources. Les spécificités géo-climatiques de la région rendent la définition des différents écoulements d’eau complexe. Dans les cas les plus difficiles, elle doit se faire en concertation avec les différents acteurs : propriétaires, exploitants, associations, etc…
D’ailleurs, certains organismes de protection de l’environnement s’inquiètent de cette nouvelle carte qui risquerait de déclasser certains cours d’eau et les requalifier en simples fossés.
"Cela laisserait la place à des actions qui iraient à l’encontre des intérêts de la ressources en eau et cela permettait à des agriculteurs intensifs de polluer plus facilement" déclare Ludovic Jomier, bénévole pour Sources et Rivières du Limousin.
En Haute-Vienne, 9 millions de m3 d’eau potable sont nécessaires pour subvenir au besoin de l’alimentation animale et 25 millions de m3 pour l’industrie.