"Le train de 7 h 52 doit continuer de circuler", s'insurge le collectif d'usagers pour la défense de la ligne Angoulême - Limoges

Ils viennent de lancer une campagne choc, baptisée "ALERTE ENLÈVEMENT", pour interpeller la SNCF et les autorités sur une "injustice subie depuis six ans". Les suppressions de certains trains à des heures critiques révoltent les membres de l'association AngouLim.

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L'affiche utilise le même design de l'opération Alerte Enlèvement, bien connu du grand public, mais cette fois, c'est pour interpeller la SNCF sur les suppressions de trains à des heures critiques.

Dernier fait en date, le train qui devait prendre des voyageurs, ce jeudi 27 juin au matin, n'est jamais parti, au grand dam des usagers. Avant lui, le train du 25 juin… L’association AngouLim lance donc cette campagne choc pour alerter sur le droit des usagers à circuler. 

Depuis décembre 2023, le collectif a recensé plus de vingt-deux départs de trains supprimés depuis la gare de Saillat à destination de Limoges. Selon cette dernière, les trains de 7 h 52 ne sont tout simplement pas partis sans que les usagers (travailleurs, étudiants) soient systématiquement prévenus en avance. "Beaucoup d'abonnés qui partent des villes comme Saint-Junien ou encore Saint-Victurnien, découvrent la nouvelle une fois à la gare le matin, les jours sans, la veille au soir les jours avec", s'insurge Bernard Peuch, à la tête du collectif d'usagers pour la défense de la ligne Angoulême Limoges.

Ce dernier fait alors le récit des rendez-vous manqués : des salariés obligés d’appeler leurs employeurs en catastrophe pour signaler des retards, des étudiants qui ratent les cours, des patients qui arrivent très en retard à leur rendez-vous au CHU...

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Pourquoi ces annulations de trains ? 

Selon l’association AngouLim, un problème de panne de rame, et donc de maintenance, serait à l'origine de l’annulation du train, ce jeudi matin. Mais Bernard Peuch évoque également des absences de conducteur certains jours et précise que de plus en plus de personnes annuleraient leur abonnement pour privilégier le covoiturage quand c'est possible... ou à prendre leur voiture, tout simplement.

Pour rappel, la ligne Angoulême-Limoges est fermée entre Angoulême et Saillat depuis mars 2018, mais le tronçon Saillat-Limoges fonctionne de nouveau après une période de travaux. Et AngouLim se bat, réitère son président, "pour la régularité, la fiabilité et la qualité de service sur ce qui reste de ce tronçon".

Les usagers ne pouvant plus bénéficier du service public de transport ferroviaire entre les gares de Saillat-Chassenon et Angoulême distante de 74 km, la crainte de l'association est de voir cette ligne, un jour, complètement supprimée, "ce qui occasionnerait une véritable injustice pour ces zones rurales".

Contactée ce jeudi, la SNCF n'a, à l'heure où nous écrivons ses lignes, pas répondu à nos sollicitations. 

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Cela pose la question du droit à la mobilité dans la région ?

"Nous, on s'active pour relayer la détresse des personnes fragiles, les étudiants, les personnes âgées qui ne peuvent pas prendre les bus de substitution mis en place par la SNCF. Et cette injustice-là n’a que trop duré pour les usagers."

L'association a décidé de saisir la Défenseure des Droits, Claire Hédon, le 6 juin dernier "dans le cadre de sa mission de lutte contre les discriminations et de promotion de l'égalité". L'association considère dans sa lettre "que l’absence de travaux à des fins de restaurer la circulation des trains entre Angoulême et Saillat Chassenon depuis plus de six ans constitue une atteinte au droit des mobilités tel qu’exprimé dans le livre premier du code des transports".

AngouLim souhaite la mise en place de solutions qui permettront la conduite dans les délais les plus courts des travaux de régénération et réclame également un démarrage rapide d'études de détails, avec "une garantie de moyens", la mise en place d'un comité de suivi de ces études et le dégagement de "ressources budgétaires pour démarrer toutes les phases de travaux qui seront prêtes à lancer".

"L'État doit mettre les moyens pour sauver la ligne"

La région, très souvent mise en cause par les associations pour son manque d'action, tient à rappeler la responsabilité de chacun, par la voix de son vice-président en charge des mobilités.

"On sort d’un comité de ligne, le 13 juin dernier, et nous avons été transparents sur les questions de retards. Il faut savoir que sur toute la Nouvelle-Aquitaine, la région déploie 195 rames TER tous les jours, sauf que la tempête d’octobre novembre a endommagé 62 rames", rappelle Renaud Lagrave. "Ce n’est qu’en février que nous sommes revenus à peu près à une situation normale. Ce n'est pas tout, La région vient de voter le contrat de plan État-Région qui court sur 2024-2027. Et on a découvert qu’il n’y avait rien sur la ligne Angoulême - Limoges. Le président Rousset et moi-même sommes montés sur la table pour exiger qu’il y ait un financement pour la rénovation de cette ligne" insiste le vice-président Lagrave. Un budget de 34 millions d’euros a été voté pour la réfection de la ligne. Concrètement, des études préliminaires obligatoires vont d’abord être lancées par SNCF réseau, ensuite interviendront les études définitives et les travaux devraient commencer fin 2027.

La mobilité est le premier budget de la Région Nouvelle-Aquitaine, un budget qui s'élève à 750 millions d’euros.

Pour rappel, la gestion du réseau ferroviaire en France est de la compétence de l’État qui est propriétaire des lignes. Un nouveau contrat de performance doit être signé par le gouvernement après les législatives. Une signature qui doit intervenir avant la fin de l’année. "C’est aux parlementaires de pousser à l’Assemblée nationale pour que les choses s’accélèrent", suggère Renaud Lagrave. En attendant, il faudra s'armer de patience.

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