Une centaine de producteurs de pommes du Limousin a participé ce samedi 14 janvier à cette opération symbolique, qui se déroule également dans plusieurs vergers de France. Les pomiculteurs réclament une hausse de vingt centimes au kilo du prix de leurs pommes vendues en grandes surfaces.
Avec cette opération symbolique, qu'ils annoncent comme la première d'une campagne d'arrachage des vergers français, les pomiculteurs veulent sonner l'alarme.
Pour Rémi Gibaud, producteur de pommes à Saint-Yrieix-la-Perche, le passage à l'acte est bien réel. Ce samedi matin, il a fait couper et brûler ses pommiers sur 3 hectares, soit un tiers de son exploitation. La seule solution, dit-il : "On n'arrive plus à couvrir les frais, donc mieux vaut arrêter. On produit à perte... C'est une fin de carrière bien triste, j'aurais préféré transmettre à mes enfants ou à un collègue. En arriver là, être obligé de faire brûler ses pommiers parce que la rentabilité n'y est plus du tout, c'est quand même dramatique."
Il prévoit d'arracher le reste de son verger l'an prochain, soit 6 hectares supplémentaires, si rien ne change.
Des prix d'achat en baisse
Les producteurs de pommes réclament une augmentation de 0,20€/kg du prix d'achat producteur pour les pommes vendues en grandes surfaces, alors même que - selon eux, les prix pratiqués actuellement sont inférieurs à ceux des quatre dernières années.
Face à la flambée de leur coût de production (énergie, intrants, transport...), les pomiculteurs ne s'en sortent plus. Mais pour l'instant, la grande distribution fait la sourde oreille.
"On n'est pas une filière qui monte souvent au créneau. Mais là, on arrive au bout du bout", affirme François Besse, productrice de pommes en Corrèze et présidente de la coopérative Cooplim. Comme une centaine d'autres pomiculteurs du Limousin, elle est venue soutenir Rémi Gibaud lors de cette opération d'arrachage de son verger. "Ce n'est même pas de la colère, c'est de la résignation. 20 centimes, ce n'est pas beaucoup. Cela nous permettrait de couvrir les charges, d'avoir quelques revenus et d'investir. C'est juste ça..."
Suite de l'opération dans les grandes surfaces
Les producteurs français font face à la concurrence qu'ils estiment déloyale des producteurs étrangers (Italie, Pologne...) soumis à des cahiers des charges beaucoup plus souples (notamment sur l'utilisation de produits phytosanitaires), et dont les prix à la vente sont plus faibles.
En fin de matinée, les pomiculteurs ont pris la direction de Limoges pour poursuivre leur opération dans une grande surface. Ils ont étiqueté leurs produits pour alerter les consommateurs sur le fait que les pommes qu'ils achètent ne sont pas vendues au juste prix.
Des opérations similaires ont eu lieu dans des grandes surfaces corréziennes.
Les actions d'arrachage devraient se poursuivre dans les prochains mois.
En 10 ans, le verger limousin a perdu 10% de ses parcelles.