Nouvelle polémique au SDIS de la Haute-Vienne. Après les affaires de souffrance au travail, c'est la mise en place d'un nouveau système d'alerte des pompiers volontaires qui suscite des crispations. La Gestion Individuelle des Alertes (GIA) allongerait les délais d'intervention.
3 petits kilomètres. C’est la distance qui sépare le domicile de Jean-Louis Barrière du centre de secours de Saint-Yrieix-La-Perche.C’est pourquoi Jean-Louis et son épouse s’étonnent.
Récemment, Jean-Louis a été victime d’un œdème pulmonaire.
C’était tôt le matin. Madeleine décroche le téléphone pour composer le 15. Les minutes passent, interminables. Les pompiers mettent du temps à arriver. Paniquée Madeleine appelle l’antenne du SMUR de Saint-Yrieix. Les médecins arrivent rapidement sur les lieux. Puis arrivent les pompiers de Lanouaille, une commune située à 15 km.
Il est 8h 00, cela fait 30 minutes que Jean-Louis lutte pour survivre
"J’aimerais comprendre pourquoi ce ne sont pas nos pompiers qui sont intervenus !", s’étonne Jean-Louis. Madeleine a même écrit une lettre au maire de Saint-Yrieix pour lui raconter cette matinée de cauchemar et lui demander des explications.
Limoges ! 45 minutes de route alors qu’ils sont à 5 minutes
Même étonnement pour Claudine Beaussavie, une habitante de Coussac Bonneval.
Cet hiver un hangar de cette agricultrice a pris feu en son absence. Elle se rend aussitôt sur place et passe par la caserne pour donner l’alerte.
Les pompiers de Saint-Yrieix n’étaient même pas au courant ! Ils ont téléphoné à Limoges qui leur a répondu : On envoie du gros, on s’en occupe ! Limoges ! 45 minutes de route alors qu’eux, ils sont à 5 minutes.
Sapeur-pompier volontaire depuis des années, l’adjudant-chef Bernard Buisson ne peut que soupirer.
"Ça n’est pas acceptable surtout en zone rurale. Le lien social se sont les pompiers quand ils sont dans la détresse, les gens appellent les pompiers et pour eux on doit arriver rapidement. On se rend compte qu’on pourrait arriver plus tôt, mais on est bridé par le nouveau système d’alerte".
Ce nouveau système, c’est la GIA, le système de gestion individuel des alertes. Un programme informatisé mis en place depuis plusieurs mois au sein du SDIS de la Haute-Vienne. Il modifie en profondeur la manière dont les pompiers volontaires sont alertés en cas d’intervention.
« C’est la machine qui décide tout. On déshumanise les secours. Dans les coins les plus reculés de la campagne le système fait qu’on peut attendre 15, 20 ou 45 minutes des secours qui arriveront peut-être une heure après ». déplore l’adjudant-chef Bernard Buisson, membre du syndicat FSU.
Des zones rurales moins bien protégées ?
Faux : répondent les responsables des services de secours
A la tête du SDIS 87 le colonel Maxence Jouannet reconnaît que des choses peuvent être améliorées, mais défend la GIA.
"Non la GIA ne rallonge pas les délais d’intervention, c’est même l’inverse ! Le système fiabilise l’envoi des secours. On travail avec l’union départemental des sapeurs-pompiers volontaires à l’amélioration d’un certain nombre de points et on évolue dans le bon sens".
Changement de pratiques
"Avant il arrivait que les équipes partent incomplètes. C’est un nouveau système qui fonctionne de manière plus rigoureuse. Comme tous les changements il provoque quelques résistances mais c’est un bon système. La GIA nous apporte plus d’efficacité".
Un système d'alerte encore rodage …mais qui est déjà en place dans de nombreux départements.