Salon de l'agriculture de Paris : combien ça coûte et quelles retombées pour les éleveurs ?

Plusieurs dizaines d'éleveurs de bovins de la race Limousine ont, encore une fois, fait le déplacement au Salon de l'agriculture de Paris 2023. Ce déplacement est-il rentable ? Le jeu en vaut-il la chandelle ? Nous sommes allés à leur rencontre Porte de Versailles.

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David Desassure est éleveur bio de vaches et de taureaux de race limousine à Chéniers en Creuse. C'est sa dixième participation au Salon de l'agriculture de Paris. Transporter les animaux, se loger, se nourrir, en dix jours de salon, il faut savoir bourse délier : 

"Entre le transport, les chambres d'hôtel et la vie à Paris, nous devons débourser entre trois à quatre mille euros. Cela fait partie du jeu. Paris, ce sont nos J.O., notre Champions League !, s'enthousiasme David Desassure. C'est la concrétisation de notre boulot. Il n'y a pas d'autre salon qui ait une telle résonance médiatique !"

Un éleveur qui a pu obtenir la meilleure enchère de boucherie ce lundi 27 février avec une de ses vaches, "Nikita", adjugée 9 200 €. Une vente qui compense, en partie, les frais engagés pour le salon.

Le coût, c'est aussi en amont

Pour la première fois, David Desassure et son fils présentent au salon Rafiot, un beau taureau de 26 mois qui participera au concours général de la race bovine ce jeudi 2 mars. Un mâle qu'il a fallu bichonner pendant des mois pour qu'il soit sélectionné.

"C'est sûr qu'on les bichonne plus et cela aussi à un coût. Au niveau alimentaire, une bête lambda coûte environ 2,50 € par jour. Pour Rafiot, il faut compter près de 5 € par jour, appuie David Desassure. C'est aussi un investissement plus important en temps. Il faut les préparer morphologiquement, les dresser pour qu'ils supportent le stress d'un salon."

"C'était mieux avant..."

Il est un des piliers de la race Limousine. Franck Camus, éleveur de père en fils à Arnac-la-Poste en Haute-Vienne, participe au salon de Paris depuis 1989. Avec ses associés, il a remporté sept prix de championnat. 

"Onglette, Ovation, Pétale, Reliquat, on a quatre bêtes au salon, explique Franck Camus. Avec les coûts liés au salon et nos charges d'alimentation, de carburants qui augmentent, on se pose aujourd'hui la question d'amener moins d'animaux. Il y a quinze ou vingt ans, il y avait plus de retombées commerciales. Mais Paris reste la vitrine de la race."

De vraies retombées malgré tout

Pour les professionnels de la filière de la race, le Salon de l'agriculture de Paris reste "la plus grande ferme de France", même si elle a un coût.

"Les éleveurs se débrouillent pour les frais d'hébergement et le transport, pour la paille, l'ensilage, le maïs, c'est le salon qui paie, explicite Jean-Marc Alibert, président de France Limousin Sélection. Pour la filière, c'est la région qui finance le stand des quatre races de Nouvelle-Aquitaine (Limousine, Bazanaise, Blonde d'Aquitaine et Parthenaise)."

Le salon, c'est un tremplin pour nous. Les ventes sont retransmises en ligne et le gars à l'autre bout de la planète nous voit."

Régis Géraud, président d'Interlim Génétique Service

Depuis l'épidémie de COVID-19, au pôle de Lanaud, siège de la race bovine Limousine près de Limoges, près de 30% des ventes se font aujourd'hui en ligne. Une tendance de fond qui n'obère pas le fait de continuer à présenter, chaque année, les quarante meilleures bêtes dans la plus grande vitrine de France, le salon de l'agriculture de Paris.

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