Après le suicide d'une directrice d'école maternelle à Pantin, des rassemblements sont organisés un peu partout en France ce jeudi 3 octobre 2019. Nous avons recueilli le témoignage d'une directrice d'école à Saint-Sylvestre, en Haute-Vienne, qui nous explique son quotidien.
Fleur Bidon est la directrice de l'école élémentaire de Saint-Sylvestre, en Haute-Vienne, depuis 13 ans. Une petite école qui compte 87 élèves.
Elle est aussi enseignante, 24 heures par semaine, dans une classe à double niveau.
Pour assumer sa fonction de directrice et gérer le quotidien de l'école, elle bénéficie d'une décharge de six heures.
Mais le temps qu'elle y passe est en fait impossible à comptabiliser.
A la fois coordinatrice de l'équipe enseignante, elle gère les relations avec les parents d'élèves, organise les sorties scolaires, répond au téléphone, fait le lien avec la municipalité et l'inspection d'académie, et assure l'ensemble des tâches administratives, de plus en plus nombreuses, et très chronophages.On ne s'arrête jamais. Il n'y a pas de pause. De 8h à 17h30, je ne fais que ça. Parfois, je reviens le samedi matin ou le mercredi après-midi pour avancer les dossiers"
Fleur Bidon avoue qu'elle ne se voit par poursuivre cette fonction encore plusieurs années.C'est pesant, parce qu'on est toujours dans le stress. Les injonctions de l'administration sont de plus en plus présentes. On nous demande de faire de plus en plus de choses qu'on ne faisait pas avant".
En apprenant le suicide Christine Renon, directrice d'école maternelle à Pantin, elle a été bouleversée. Et s'est totalement reconnue dans la lettre laissée par sa collègue :
Tout ce qu'elle écrit, c'est ce que je ressens tous les jours. Elle décrit très bien l'ensemble des tâches auxquelles ont doit faire face, sans y être toujours formés. Ainsi que le peu de soutien de la part de notre administration. On n'a aucune reconnaissance. Et il faut tenir, toujours..."
Rassemblement à Limoges
A l'appel de plusieurs organisations syndicales, une petite centaine d'enseignants et de directeurs d'écoles se sont rassemblés en fin d'après-midi devant le rectorat de l'académie de Limoges.
Les manifestants ont lu une motion réclamant que "l'institution entende ce dramatique cri d'alarme et assume ses responsabilités d'employeur".
Au niveau national, une pétition a déjà recueilli plus de 90 000 signatures.