Qui prend soin des pompiers ? Ces hommes et ces femmes qui nous protègent sont souvent mis à rude épreuve. En Haute-Vienne, une service spécialisé accompagne près de 1200 professionnels et volontaires. Victimes de traumatismes physiques et psychologiques.
Porter un équipement de 20 kilos, grimper tout en haut de la grande échelle, manipuler des lance à incendie : être pompier demande une bonne condition physique.
Contrôler la santé
En plus des exercices d'entraînement, les pompiers de la Haute-Vienne bénéficient d'un service de santé pour veiller à leur aptitude à pratiquer leur activité, d'un point de vue physique, mais aussi psychologique.
Et c'est parfois au cours d'un simple contrôle de routine, une prise de tension, par exemple qu'une conversation s'enclenche entre le médecin et son patient "ca fait pour moi partie de l'examen complet parce que ça me permet de ressentir la santé mentale, psychologique du pompier qui est en face de moi", explique Alain Richard, le médecin-chef du SDIS, le service d'incendie et de secours de la Haute-Vienne.
Les traumatismes psychologiques
C'est au cours d'une de ces contrôles qu'Olivier Guionnet s'est rendu compte qu'il devait arrêter son activité de plongeur au sein des pompiers, au cours de laquelle il devait rechercher des corps. "J'étais assez à l'aise dans l'eau, mais le moment où il faut aller chercher quelqu'un, on sait qu'il est là...".
Le pompier suspend pudiquement sa phrase, avant de reprendre "j'ai fait des choses un peu compliquées aussi dans l'eau... un puits, c'est très serré, profond, noir et on sait qu'il y a quelqu'un au fond, c'est pas évident..."
Des expériences qui au fil des années sont devenues traumatisantes. Mais il n'est pas toujours facile de parler de ces douleurs psychologiques. Parfois en raison d'une fierté mal placée.
On est pompiers, on est des Bonhommes... et bien non, on a tous nos faiblesses
Olivier Guionnet, pompier
Cellule psychologique
Il y a quelques années, à la suite d'un accident particulièrement marquant, une unité de soutien psychologique a été mise en place au sein des pompiers de la Haute-Vienne.
A la caserne ou même en ville pour plus de discrétion, les pompiers peuvent recevoir un soutien spécialisé.
"Si au bout d'un mois, un mois et demi, il y a toujours des images, toujours la sensation que le feu est là, que l'odeur est là, ou que le corps que j'ai pu ramasser est encore dans mes mains, ça ça devient gênant, ça devient traumatisant, et ça empêche de fonctionner, dans son travail et dans sa vie, et c'est là qu'il faut venir consulter", explique Guylaine Fabre-Bardou, l'infirmière référente de la cellule psychologique.
Ces changements de comportement peuvent aboutir à des dépressions ou des suicides.
Le reportage de François Clapeau, André Abalo et Philippe Ruisseau dans lequel interviennent Dave Richard, sapeur pompier ♦ Matthias Fauchadour, sapeur pompier ♦ Olivier Guionnet, sapeur pompier ♦ Alain Richard, médecin chef SDIS 87 ♦ Guylaine Fabre-Bardou, infirmière référente cellule psychologique