Comment les pratiques sexuelles des jeunes Françaises ont-elles évolué en trente ans ? L’étude de L’Inserm qui vient d'être dévoilée nous en apprend beaucoup ! On tend vers une égalité homme/femme en termes de sexualité.
Le nombre de partenaires a augmenté pour les femmes de 18 ans à 29 ans. Elles déclarent en avoir deux fois plus qu’avant : près de 8 en 2023 au lieu de près de 4 en 1992. Les hommes aussi ont plus de partenaires : 16 aujourd’hui contre 11 en 1992.
Les Françaises assument mieux d’avoir plus de partenaires, même si le phénomène du "body count" véhiculé par les masculinistes fait des ravages sur les réseaux sociaux. "Body count" se traduit littéralement par "nombre de corps". Elles sont traitées de "fille facile" et de "personnes qui ne se respectent pas". Il y a un seuil de partenaires à ne pas dépasser pour être encore une fille " à marier" selon eux.
On ne va pas se mentir, cette idée reçue existait déjà il y a vingt-cinq, sans les smartphones, mais une chose a changé, c’est la réaction des femmes. C'est en tout cas l'analyse d'Armelle Andro, démographe à l’Université Paris 1, une des autrices de l’étude INSERM : " Les filles s'en fichent de plus en plus du regard des masculinistes. Elles ne perdent plus de temps avec ces hommes-là et vont vers des garçons qui respectent une égalité homme/femme sous la couette."
Une plus grande égalité homme/femme dans les pratiques
La parole et l’information au sujet de la masturbation se libèrent, encore que cela puisse être délicat de raconter à ses amies, entre deux séries TV ou gâteaux apéritifs : "Ah bah moi, cela m'arrive souvent de me masturber !" À l’abri des regards, les jeunes filles comme leurs aînées sont de plus en plus nombreuses à explorer leur corps et à jouer avec le fameux "clitoris" dont elles peuvent découvrir la forme dans certains manuels de biologie au collège depuis 2017.
Aujourd'hui, les filles expérimentent la masturbation comme les garçons au moment de la puberté.
Armelle Andro, démographe
En 1992, elles étaient 42% à déclarer pratiquer la masturbation et en 2023, 73 % ! Les filles ont compris l’intérêt d’avoir une expertise sur le fonctionnement de leur corps. Eh oui, plus simple après de guider leur futur partenaire ! L'écart de pratiques sexuelles liées au genre semble se rétrécir. Justine Henrion, sexologue amiénoise, explique : " Dans la précédente enquête, on constatait que les femmes découvraient la masturbation une fois qu'elles avaient déjà eu leur premier rapport sexuel. Aujourd'hui, les filles expérimentent la masturbation comme les garçons au moment de la puberté."
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Égalité presque parfaite pour l'âge du premier rapport
Quant au premier rapport sexuel, on obtient presque une égalité homme/femme parfaite puisque les deux genres déclarent en moyenne faire l'amour pour la première fois autour de 18 ans. (les filles : 18,2 ans et les garçons : 17,7 ans). Justine Henrion pensait que ce rapport se déroulait plus tôt en 2023 avec l'ère de la libération sexuelle : " Dans mon cabinet, je vois une grande fracture. J'ai des patientes qui sont vierges à 21 ans et d'autres qui ont leur premier rapport sexuel à 13 ans."
Dans mon cabinet, je vois une grande fracture. J'ai des patientes qui sont vierges à 21 ans et d'autres qui ont leur premier rapport sexuel à 13 ans.
Justine Henrion, sexologue amiénoise
Un rapport sexuel en moyenne à l'âge de 18 ans, c'est l'arbre qui cache la forêt. En effet, cela n'empêche pas les adolescentes de partager des moments intimes avec leurs petits amis. Les "préli", diminutif de "préliminaires" sont pléthore selon l'étude, comme les pratiques suivantes : caresses, baisers, fellation, cunnilingus. Armelle Andro confirme : " Le premier rapport sexuel reste un moment important, mais il y a d'autres choses que les jeunes expérimentent dans la sexualité. Il a une place moins centrale dans la vie des jeunes aujourd’hui que dans celle des anciennes générations."
Les relations virtuelles sont en hausse aussi. Un jeu qui peut rajouter de l'excitation à la relation à condition de préserver son anonymat !
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