La vidéoprotection : l'arme anti-délinquance ? 

Quatorze caméras de vidéoprotection seront opérationnelles fin 2019 à Bellac, commune de Haute-Vienne qui compte un peu plus de 4 000 habitants. Un dispositif pour lutter contre la délinquance qui ne cesse de se développer en France. Le point sur les objectifs et l'efficacité de tels dispositifs.

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Samedi 13 juillet 2019, un individu a agressé un jeune homme de 4 coups de couteau : Bellac, en Haute-Vienne, n'échappe pas à la délinquance. Pour lutter contre les agressions, les cambriolages et les incivilités, la municipalité a décidé d'équiper la ville d'un système de vidéoprotection. 
 
Quatorze caméras seront ainsi opérationnelles à la fin de l'année 2019. Elles seront installées au carrefour de l'Europe, à la piscine, au stade ou encore dans les rues commerçantes. 

"Nous sommes régulièrement confrontés à des destructions de mobiliers urbains, à des intrusions dans des établissements publics. Cette vidéoprotection nous permettra de lutter contre les cambriolages ou encore les incivilités routières", justifie Corinne Hourcade-Hatte, maire de Bellac

Chaque caméra sera équipée de capteurs capables d'identifier des véhicules. Ce dispositif devrait aider la gendarmerie à la résolution d'enquêtes, notamment matière de délinquance itinérante, c'est-à-dire contrer ces malfaiteurs qui agissent souvent en équipe et qui se déplacent sur l'ensemble du territoire français. 
 

Rassurante et/ou dissuasive ?

La vidéoprotection est de plus en plus choisie par les municipalités. On estime aujourd'hui à 6 000 le nombre de communes françaises équipées pour un total de 60 000 caméras. Le Palais-sur-Vienne ou encore Malemort devrait s'équiper prochainement.

En 2014, 5 villes du Limousin étaient équipées : Brives, Cublac, Limoges, Oradour-sur-Glane, Saint-Yrieix-la-Perche. Puis ont suivi en Haute-Vienne : Feytiat, Aixe-sur-Vienne, Magnac-Bourg ou encore Bussière-Poitevine…

Depuis 2016, la ville de Panazol surveille ses rues avec 42 caméras réparties sur 15 sites. Pour le maire, Jean-Paul Duret, il s'agit d'abord de rassurer la population, même si le dispositif permet de régler certains délits. Pour l'anecdote, les caméras ont permis d'identifier des colleurs d'affiches sauvages pendant une campagne électorale. 
 

La ville de Limoges a fait ce choix il y a 4 ans. Ce sont 132 caméras qui sont gérées par le centre de supervision urbain de la ville. 59 caméras sont dédiées à la surveillance de 43 écoles, le reste réparti dans le centre-ville, Beaubreuil, La Bastide et le Val de L'Aurence. De nouvelles pourraient prochainement être installées là où des faits récurrents de délinquance ont été constatés, notamment au jardin de l'Évêché. 

 

Efficace ? 

En 2009, un rapport du ministère de l'Intérieur avait conclu à l'efficacité de la vidéoprotection, mettant en avant l'augmentation du taux d'élucidation dans les villes équipées.

En 2018,  le sociologue Laurent Mucchielli, auteur de "Vous êtes filmés ! Enquête sur le bluff de la vidéosurveillance"  (Armand Colin), déclarait sur franceInfo : "Il y a un décalage énorme entre d'un côté les discours politiques alliés au marketing des industriels de la vidéosurveillance qui promettent de nous protéger de tout, y compris du terrorisme, et la réalité des faits de l'autre côté. On se rappelle de l'attentat de Nice, la ville la plus vidéosurveillée de France. Les caméras n'ont jamais protégé personne. Au mieux, elles permettent de retrouver les images après les faits, une fois que tout le monde est mort."

Dans un rapport de 2014, l'institut national des hautes études de la sécurité et de la justice dressait un bilan des politiques publiques de vidéoprotection. Selon l'INHESJ, le dispositif est efficace dans le cadre du maintien de l’ordre public mais présente un bilan contrasté dans le cadre de la lutte contre la délinquance : "L’impact préventif de la vidéoprotection est difficile à démontrer pour des raisons méthodologiques, d’une part parce que les statistiques disponibles recensent les faits portés à la connaissance de la police et non la délinquance réelle, et, d’autre part, parce que la variation de la délinquance constatée ne s’explique pas nécessairement par une cause unique comme la présence de caméras. En revanche, "son utilité est plus avérée au titre de l’élucidation des crimes et des délits."
 

via GIPHY

 

Vidéoprotection ou vidéosurveillance ?

A la base, aucune différence entre ces deux termes : ils désignent le fait de capter des images pour assurer la sécurité des lieux ou des personnes, que ce soit dans l'espace public ou dans l'espace privé. Jusqu'en 2011, c'est le terme vidéosurveillance qui était généralement utilisé y compris dans les textes de loi. 

Suite à une volonté affichée de l'UMP, c'est dans la loi Loppsi 2 de 2011 (LOI n° 2011-267 du 14 mars 2011 d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure) que mot vidéoprotection fait son entrée  dans le champ législatif : " Sous réserve des dispositions de la présente loi, dans tous les textes législatifs et réglementaires, le mot : « vidéosurveillance » est remplacé par le mot : « vidéoprotection »."


Pourquoi ce changement ? 

Une question de sémantique ou de marketing ? Dans un article du Monde daté du 16 février 2010, le journaliste analyse : "Initialement testées comme -vidéosurveillance-, outil de lutte contre le terrorisme, les caméras sont devenues au fil des années un outil de lutte contre -la délinquance et le sentiment d'insécurité-, sous le vocable -vidéoprotection-. Il est toutefois difficile de ne pas voir également dans ce changement de terminologie un effort pour imposer un terme plus rassurant que le mot -vidéosurveillance-."


En résumé

Le mot "vidéoprotection" désigne, dans la sphère législative, le système de caméra mis en place dans l'espace public par les pouvoirs publics. Le mot "vidéosurveillance" continue de désigner les caméras mises place dans les espaces privés (domicile, commerces, entreprises…).

 

Et les images ?

La CNIL (la Commission Nationale de l'Informatique et des Libertés) rappelle les règles sur l'installation et l'utilisation de ces caméras. 

Dans l'espace public (rues, trottoirs…)
  • Seules les personnes habilitées par l’autorisation préfectorale, et dans le cadre de leurs fonctions (par exemple : les agents du centre de supervision urbain d’une commune), peuvent visionner les images enregistrées.
  • La durée de conservation des images ne devrait pas excéder un mois. 
  • Les personnes filmées doivent être informées, au moyen de panneaux affichés de façon visible. 
  • Le dispositif doit être autorisé par le préfet. 

Les autres usages



 
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