Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'été 2019 aurait été chaud en Limousin et plus particulièrement pour les sapeurs-pompiers des trois départements. Alors qu'en cette fin septembre, la pluie arrive comme un soulagement, c'est l'heure d'un premier bilan.
La pluie qui fait son retour depuis le 22 septembre 2019 sur l'ensemble du territoire limousin ne sera sans doute pas, dans un premier temps, suffisante pour réparer la sécheresse, mais elle arrive comme un soulagement pour les pompiers de la Haute-Vienne, de la Creuse et de la Corrèze. Des soldats du feu qui ont été très sollicités pendant la période estivale.
A travers les médias, les réseaux sociaux et les statistiques, on s'aperçoit facilement que les sapeurs-pompiers ont été particulièrement mobilisés dans la région. Premier bilan.
D'abord les statistiques
Le nombre de feux de végétaux est globalement en augmentation dans les 3 départements, si l'on en croit les données fournies par les SDIS (Services départementaux d'incendie et de secours). En Haute-Vienne, le nombre de feux de végétations depuis le début de l'année (102) n'atteint pas celui de 2015 (169), le département a néanmoins été marqué par plusieurs incendies violents et notamment celui de Saint-Sylvestre qui a débuté le 16 septembre et mobilisé une centaine d'hommes pendant plusieurs jours. 45 hectares sont partis en fumée.
Les sapeurs-pompiers du département ont reçu le soutien de leurs collègues de la Creuse et de la Corrèze. Des soldats du feu eux-mêmes mobilisé sur le territoire. Ainsi, en Creuse, le nombre d'interventions sur des incendies de végétation a plus que doublé depuis 2017 passant de 80 à 193, alors même que 2019 n'est pas terminée. Il faut dire qu'avec ses 167 000 hectares de forêts, le département est particulièrement exposé. C'est le mois d'août qui a été le plus chaud avec 48 interventions contre 7 seulement l'année passée.
Enfin, en Corrèze, les feux de broussailles ont mobilisé les équipes à 188 reprises soit plus de 64 % des interventions. Les feux de forêts représentent 26.2 %.
Sur le nombre d'hectares partis en fumée, la lutte contre les incendies et les moyens mis en œuvre, permettent ponctuellement de réduire les surfaces brûlées en France, mais la situation est très instable.
Une forte activité (aussi) sur les réseaux sociaux
Signe que le Limousin prend feu ou simple renforcement des services de communication des centres de secours ? Les SDIS ont publié beaucoup d'informations concernant les feux de forêt, en notamment depuis la fin du mois d'août.Chaque SDIS du territoire du Limousin dispose d'une page Facebook. La plus ancienne de la région a été créée par le SDIS de la Corrèze en juin 2012. Elle compte 13 335 abonnés. Puis est venue s'ajouter celle de la Creuse en septembre de la même année. Elle rassemble aujourd'hui 7 951 abonnés.
La page Facebook de la Haute-Vienne est la plus récente. Elle a été créée en juin 2016 et compte 8 868 abonnés* (données au 23.09.2019). Ces pages tissent un lien particulier avec les citoyens
Administrées par des agents de communication, ces pages partagent des photos, des vidéos, des informations sur les interventions importantes. Le SDIS de la Haute-Vienne s'est même doté d'une chaîne vidéo sur Viméo.
Feu de forêt from SDIS87 on Vimeo.
Twitter à la loupe
C'est le travail (bénévole) d'une passionnée. Caroline Cornu a épluché les comptes Twitter de l'ensemble des SDIS présent sur le réseau social.#NouvelleContribution la communication des SDIS sur Twitter depuis Janvier 2019 (2/3) pic.twitter.com/UmkWNGrwLa
— Caroline Cornu? (@caroline_msgu) September 2, 2019
Depuis le début de l'année, le SDIS de la Haute-Vienne a ainsi assuré 2117 publications, ce qui en fait le département le plus productif de France, tous types de communication confondus. Mais si l'on évoque uniquement les tweets concernant des interventions, c'est le le SDIS de l'Hérault en Occitanie qui arrive en tête. En Nouvelle-Aquitaine, la Creuse se trouve juste derrière la Dordogne avec 38 tweets concernant des interventions. A noter que les pompiers de la Corrèze ne tweetent pas.
Alors, les communications des SDIS sur Twitter sont-elles proportionnelles au nombre d'incendies ou le nombre d'hectares brûlés ? Même si ce qui concerne l'Hérault, en tête de tableau, on pourrait y voir une déduction statistique (1225 hectares brûlés en 2019 et 343 tweets), la comparaison est hasardeuse et ne résiste pas à une observation mathématique, mais n'empêche…
Les statistiques #OPE et les images de ces derniers jours @pompiers36 @sdis03 @sdis23 @SDIS_18 @Sdis_87 démontre que le cercle des #PyroRegions s'est anormalement élargie par les départements du Grand Centre 36.37.41.18.58.03.23.87 https://t.co/ZNJMxZpoLw
— BOURDIN Sébastien (@BOURDINSbastie1) September 17, 2019
Et ça ce n'est pas juste une impression : en 2010, Météo France a rendu un rapport sur l'extension des zones sensibles aux incendies de forêts en raison du réchauffement climatique : Cette étude " permet de conclure à la possible augmentation de 30 % des surfaces sensibles et de 20 % des coûts à l'échéance 2040, cette hausse pouvant atteindre 50 % des surfaces sensibles et des coûts allant au-delà de 20 % à l'échéance 2050 […] L'extension des territoires exposés à ce danger devrait également progresser vers le nord de la France".
Alors, même s'il est trop tôt pour affirmer que le Limousin prend feu, la modélisation n'est pas rassurante. Quand on sait que des incendies ont éclaté au pôle Nord et que ces incendies contribuent au réchauffement de planète, on aura beau triturer Twitter dans tous les sens, l'idée risque bien d'être plus qu'un feu de paille.