Grippe aviaire : contagion "hors de contrôle" dans les élevages, le ministre de l'agriculture sur place vendredi

L'épizootie prend de l'ampleur dans le sud de l'Aquitaine. Après les Landes, les territoires voisins du Béarn et du Pays basque sont également touchés et très inquiets. Le ministre de l'Agriculture vient évoquer la stratégie du gouvernement ce vendredi à Mont-de-Marsan. 

Les éleveurs le redoutaient depuis début décembre et le premier élevage contaminé dans le sud des Landes, en Chalosse. Et depuis, l'épizootie d'influenza aviaire "est hors de contrôle" de l'avis de François Lesparre, le président du syndicat agricole FDSEA des Landes contacté ce jeudi 7 janvier. C'est le département le plus touché par le virus dans les élevages et donc l'abattage des palmipèdes.

Le syndicaliste décrit une situation chaotique "Il y a des canards morts partout" précisant que la propagation est telle que les éleveurs n'arrivent pas à suivre et à évacuer les animaux. Pour lui, une seule solution arrivé à ce stade de la crise : " il faut dépeupler l'ensemble du département des Landes". Autrement dit, tué tout le cheptel landais, malade ou pas. "Il faut protéger les voisins des Pyrénées-Atlantiques et du Gers" ajoute-il. Mais tous les syndicats agricoles ne sont pas d'accord avec cette solution ultime : la confédération paysanne et le Modef dans les Landes notamment. 

Aujourd'hui toujours, certains éleveurs vont déjà savoir qu'ils contestent l'abattage systématique des animaux s'ils n'ont pas été détectés positifs au virus H5N8. C'est le cas au Pays basque où dès aujourd'hui, ils annoncent ne pas vouloir en venir à cette solution. 

Même si on a un arrêté préfectoral qui nous annonce qu'il faut abattre, on est désolés mais si nos animaux sont sains, on n'abattra pas. 

Alain Lataillade - éleveur de canards à Bidache  au Pays basque -

Est-il déjà trop tard ? En Béarn et en Soule, il y a des cas. Deux sont avérés, il y a quatre suspicions en Soule et Nord Béarn d'après Bernard Layre, représentant la chambre d'agriculture.  "Le virus a fait un saut de 50 km en quelques heures. La situation est très tendue. Le virus est très volatile et se déplace très vite, il est très contagieux et très virulent."

Nous demandons au niveau des organisations professionnelles et des producteurs que le maximum de canards puissent être enfermés et claustrés tout simplement pour éviter la propagation. Le maître mot, c'est de maîtriser la propagation du virus qui profite des moindres failles.

Bernard Layre - Président de la chambre d'agriculture des Pyrénées-Atlantiques

Un remake des crises précédentes

Il n'y a pas que les éleveurs qui se retrouvent dans la tourmente. C'est toute une filière qui est aux abois. " Il faut une décision politique urgente." insiste le landais François Lesparre de la FDSEA. C'est ce qu'il attend du ministre de l'agriculture Julien Denormandie en déplacement dans le département ce vendredi 8 janvier à la mi-journée. Une visite qui s'est décidée ces derniers jours à la lumière de la vitesse de propagation de l'épizootie. Le représentant syndical est formel : il doute que la mesure de la crise ait été perçue courant décembre, en tous cas localement. 
Le ministère de l'agriculture a communiqué jeudi soir avant la venue du ministre. D'après ses données, on dénombre 119 foyers d’infection dans les Landes, concentrés dans la Chalosse, territoire à forte densité d’élevages de canards gras. 

Compte tenu de l’extrême contagiosité du virus, il est nécessaire de diminuer fortement la densité de volailles dans les territoires les plus peuplés. A cette fin, il convient d’amplifier les abattages préventifs en vigueur depuis le 24 décembre qui ont déjà permis d’éliminer plus de 350 000 canards.

Communiqué du ministère de l'agriculture

Le ministère annonce donc les mesures supplémentaires retenues pour sa stratégie de lutte contre le virus, sur la base d’un avis rendu jeudi par l’ANSES ( Agence officielle de sécurité sanitaire ) :

Les abattages préventifs pratiqués aujourd’hui sur un rayon de 3 kms autour des foyers le seront sur 5 kms. Ils concerneront dans le 1er kilomètre tous les oiseaux d’élevage et de bassecour, et pour les 4 kms suivants l’ensemble des palmipèdes et les autres volailles quand elles ne sont pas claustrées ;

Les capacités d’abattage vont être significativement augmentées grâce à la mobilisation du prestataire mandaté par l’Etat, à celle des vétérinaires sanitaires ainsi qu’à la réquisition d’abattoirs supplémentaires ;

La zone de surveillance de 10 kms autour des foyers pourra être étendue jusqu’à 20 kms, avec interdiction de sortie et d’entrée de volailles (y compris pour repeupler un élevage qui a terminé son cycle de production). Ces restrictions seront réévaluées d’ici la fin du mois de janvier, à l’aune du bilan

L'urgence des indemnisations

Outre la mesure radicale, l'abattage de tous les canards, le syndicaliste agricole va plaider ce vendredi pour le volet indemnisation. Pour aider les éleveurs qui vont subir de lourdes pertes liées au vide sanitaire. Mais François Lesparre énumère aussi tous les autres métiers concernés et les mesures de chômage partiel qui semblent inévitables. Les employés des abattoirs de canards, ceux qui travaillent dans les conserveries vont subir par ricochet les effets de cette épizootie. Comme lors des crises précédentes de 2016 et 2017.

L'inquiétude gagne donc bien au-delà de la Chalosse où sont apparus la plupart des cas courant décembre. Elle est relayée aujourd'hui par le président du département des Pyrénées-Atlantiques. Le voisin des Landes observe la contagion arrivée chez les éleveurs, 159 communes sont répertoriées ce jeudi 7 janvier en zone réglementée en lien avec les cas avérés ou suspects, ce qui signifient que les élevages de ces communes doivent se plier à des règles strictes de confinement, les transports de volailles sont prohibés : "Je suis inquiet. Pour le moment, n'hésitons pas à prendre les mesures de protection." Un message directement adressé au Ministre de l'agriculture, Julien Denormandie très attendu sur la stratégie du gouvernement lors de son déplacement à Mont-de-Marsan. 

 

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