Des militants du groupe d'extrême-droite Génération Identitaire ont occupé toute la matinée la mosquée de Poitiers.
Le bâtiment n'est pas encore complètement achevé et est construit à Buxerolles à la périphérie de Poitiers. 70 militants ont investi le lieu de culte très tôt ce matin vers 6 heures. Ils sont installés sur le toit et ont quitté les lieux à la mi-journée après des négociations avec le préfet de région,Yves Dassonville.
Après l'évacuation, le préfet de région confirme que quatre personnes ont été placées en garde à vue et que 73 militants venus de toute la France étaient présents ce matin à Poitiers.
Les identités de tous les particpants, tous âgés de 17 à 25 ans à l'exception d'un homme de 50 ans ont relevées par la police.
Le préfet de région a également précisé cet après-midi, que des poursuites judiciaires seront ouvertes à la suite des gardes à vue pour "manifestation non autorisée, provocation à la haine raciale, participation à un groupement en vue de la préparation de dégradation de biens en réunion". La qualification de "vol et dégradation en réunion" sera également retenue notamment pour la détérioration de tapis de prière et la dégradation du toit de la mosquée très fortement endommagé par la pluie.
Poitiers, ville symbole
Pour mener sa première action publique d'ampleur, le groupuscule d'extrême droite Génération Identitaire a choisi Poitiers pour le symbole en référence à la victoire de Charles Martel en 732 sur les troupes musulmanes. Ils se placent sous la bannière de la "reconquête" et réclament un référendum sur l'immigration extra-européenne et sur la construction de nouvelles mosquées en France.
Réactions de condamnation tous azimuts
Dès le début de matinée, les représentants du diocèse de Poitiers et le maire de la ville Alain Claeys sont venus apporter leur soutien à la communauté musulmane.
De nombreuses réactions politiques ont suivi.
En déplacement à Manille, Jean-Marc Ayrault, le premier ministre a condamné fermement cette action à l'AFP. "Je condamne fermement cette provocation qui révèle une haine religieuse inacceptable". Il ajoute qu'il s'agit d'une "agression contre la République et ses valeurs".
Le ministre de l'intérieur, Manuel Valls a dénoncé "la provocation haineuse et inadmisible" et les "amalgames douteux" des militants d'extrême droite, ajoutant que "l'Etat fera preuve de la plus grande fermeté face aux manifestations d'intolérance qui déchirent le pacte social."
Au nom du Parti Socialiste, Harlem Désir demande la dissolution de Génération Identitaire, une demande également exprimée par le Parti communiste.
Au niveau régional, les condamnations, en particulier sur twitter, se sont multipliées émanant des élus de gauche comme de droite.
Cet après-midi, les représentants des musulmans et des autres communautés religieuses se sont réunis autour d'Yves Dassonville, préfet de région et d'Alain Claeys, maire de Poitiers à l'hôtel de ville.
D'autre part, les musulmans de Poitiers sont appelés à se rassembler à la mosquée de Poitiers ce samedi soir. Le recteur de la mosquée entend lancer un appel au calme et demander de ne pas répondre à la provocation.
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