"Ça devient la bataille." La surfréquentation des spots de surf l'été crée des tensions dans l'océan

C'est l'un des spots de surf les plus prisés de la région Nouvelle-Aquitaine. La plage de Santocha, à Capbreton, attire chaque été de nombreux amateurs qui cohabitent parfois difficilement avec les locaux.

Sur la plage de Santocha, à Capbreton sur la côte landaise, les vagues peuvent parfois générer des tensions. De loin, Olivier Tinot observe les conditions du jour, "assez fantastiques pour les débutants et intermédiaires". Lui pratique ces vagues depuis plus de trente ans. Mais l'été, cet habitant de Saint-Geours-de-Maremne dans les Landes revoit ses habitudes pour éviter de se retrouver noyé au milieu de tous les amateurs. "Personnellement, je sors très tôt le matin ou tard le soir, là où la fréquentation est assez réduite", indique-t-il.  

Les locaux agacés

Chaque année, le spot attire de nombreux surfeurs déterminés à dompter les vagues de ce spot considéré comme l'un des plus prisés de France. Mais cette notoriété à un prix : une surfréquentation en période estivale qui décourage les surfeurs locaux.

Le surf, c'est quand même un esprit de liberté et là, on se trouve 5 ou 6 au mètres carré sur la même vague.

Olivier Tinot

Surfeur

Sur la plage, les écoles de surf se partagent la plage avec les passionnés les plus confirmés. "Même au large, on est nombreux sur la même vague et des fois, ça peut provoquer des accidents", note Vadim Kamenka, habitant de la commune de Hossegor et surfeur depuis plus de quinze ans. La forte présence de débutants agace les locaux tentés de déserter la région l'été. "Ils sont assez en colère et n'arrivent plus à prendre de plaisir. Beaucoup de locaux considèrent que c'est leur spot car ils habitent là à l'année." 

Tensions dans l'eau

Ce mélange de surfeurs débutants et confirmés peut être source de conflit. "Le surf a des priorités. Quand vous prenez une vague, c'est pas n'importe où, n'importe comment. Parfois, ça devient la bataille", fulmine Olivier Tinot. "Quand vous êtes débutants, on vous excuse, mais il peut y avoir un manque de connaissance et des règles de priorité sur la vague, certains en abusent", ajoute Vadim Kameka. "On vous pique la vague que vous attendez depuis vingt minutes, on vous rentre dedans et parfois, on peut aussi se blesser. "

Ça énerve et ça peut faire monter des tensions.

Vadim Kameka

Surfeur local depuis quinze ans

Mais difficile de réguler l'océan. "Il est à tout le monde et on a des immenses plages et des spots partout mais faudrait peut être adapter les horaires de cours et faire plus de prévention sur comment aborder le spot, les autres surfeurs et faire de l'éducation autour du sport", formule Olivier Tinot. 

"L'océan n'est pas extensible"

Dans son école de surf, Teddy Santin met un point d'honneur à informer au mieux les débutants et trouver des alternatives pour désengorger les plages surfréquentées. "On essaie de faire lever les gens tôt le matin et d'éviter la zone de bain l'après-midi. On délocalise nos cours sur une plage sud de Capbreton où on a plus de place", détaille le professeur.

On est les gardiens de ce sport. On a ce devoir de maintenir le calme, la sérénité et d'expliquer plutôt que de jeter la pierre. 

Teddy Santin

Directeur de Ted Surf School

Chaque année, les différentes écoles du surf se réunissent afin de mettre en plage des solutions pour cohabiter, particulièrement pendant les périodes d'été très prisées par les vacanciers. "On a un rôle essentiel d'organiser la plage. On fait aussi de la prévention en boutique quand les gens achètent des planches."

Tout l'été, les professeurs de surf et les maîtres nageurs poursuivent leur travail d'éducation sur les plages landaises. À Santocha, les vagues continuent de rouler, et chaque matin, qu’ils soient locaux ou visiteurs, les passionnés se retrouvent sur cette plage tant convoitée.