"Le Splendid" trône majestueusement en plein centre ville de Dax depuis près d’un siècle. Joyau de l’Art Déco, comment a-t-il atterri dans cette ville landaise ? L'histoire et la réponse sont à découvrir dans un film.
Le Splendid, plusieurs histoires dans une histoire...
Sa naissance
L'établissement est né en 1928 à l'initiative du maire de Dax, Eugène Milliès-Lacroix, dont la ferme volonté était de faire édifier un palace luxueux pour réveiller la ville et relancer le thermalisme afin de concurrencer Vichy, lieu prisé du thermalisme de l'époque.
Le choix du nom de l'édifice ne fait d'ailleurs aucun doute sur les intentions du maire.
Il en résulte un chef-d’œuvre architectural dont les plans et les projets de décoration sont signés André Granet, architecte renommé pour sa dernière création Art déco, la Salle Pleyel à Paris.
Le maire de Dax a pour cible l'élite à la mode et ce ne sont pas les landais qui sont visés. En effet, à cette époque, à Paris, l’heure est à la démesure pour une certaine catégorie de la société : haute couture, champagne et charleston font les beaux jours des années folles... Dans ce même temps, de l'autre côté de l'Atlantique, aux Etats-Unis, beaucoup d’américains comme Joséphine Baker fuient la prohibition et viennent à Paris profiter de la fête débridée.
Alors, comme une invitation aux stars, brillent désormais sur les toits de la ville de Dax ces quelques lettres : Splendid Hotel.
Son succès
Inauguré le 26 octobre 1929, le palace thermal se visite comme un musée atypique pour toute la bonne société conviée.
Dax possède enfin, à son tour, ses années folles. Joseph Kessel, Maurice Chevalier, Jean Cocteau, viennent profiter de la ville et de ce lieu d'exception. Tout autour de l’hôtel majestueux s’ouvrent alors de nombreuses boutiques prêtes à satisfaire cette clientèle de luxe. Leurs façades Art Déco, redessinent, petit à petit elles aussi, la ville de Dax.
Son destin contrarié
Mais, cette même année, le Krach de la bourse américaine annonce le début d’une période de récession. La fréquentation de l’hôtel ne dépend que de la clientèle étrangère et cette fréquentation s’éteint déjà. Et puis, la crise économique qui balaie la France laisse progressivement place ensuite à la guerre. Alors que les soldats allemands entrent dans Paris, la France s’écroule et bascule dans l’occupation.
Le Splendid est déserté et ses chambres ne trouvent plus que pour seuls occupants celles et ceux qui tentent de traverser la France pour fuir l’invasion allemande... Jusqu'au moment où les allemands, sans invitation, viennent à leur tour profiter à leur façon de cet hébergement... Changement de ton. L'ambiance n'est plus à la fête mais à l'occupation.
Une nouvelle page se tourne.
Son apogée
Mais, après cette période de guerre, progressivement, l'espoir renait.
En 1959, le célèbre torero Dominguin vient toréer à Dax. Parmi les clients de l’hôtel ce jour-là présents dans les arènes, Lauren Bacall, Ernest Hemingway, Ava Gardner...
C’est alors l’âge d’or du Splendid.
André Malraut, Marcello Mastroianni, Orson Welles, Johnny Halliday, De Gaulle... Tous séjournent dans l’hôtel.
Le Splendid a trouvé sa raison d'être en toute saison : le thermalisme pour l’hiver, la féria pour l’été. Un système économique qui comble à peine les dépenses de l’hôtel mais lui permet de fonctionner jusqu’à la fin des années 80.
Mais, progressivement, le Splendid se meurt et ferme ses portes en 2013 dans l’indifférence quasi-générale.
Sa renaissance
Après quatre ans de fermeture et deux ans et demi de travaux, la ville de Dax, propriétaire du lieu, lui offre une nouvelle vie, histoire d'i nsuffler à ce joyau des années 30 l'opportunité d'en faire, encore une fois, un lieu de vie incontournable .
L'hôtel s'est refait une beauté tout en conservant ses traits de caractère qui en ont fait sa spécificité depuis sa création.
L’intérieur est réaménagé dans l’esprit du bâtiment.
Quant à son extérieur, incontournable en blanc immaculé, il attire toujours et encore immédiatement l'attention en arrivant dans la ville. Ses lignes simples, les détails méticuleux de sa façade, son style magistral et exotique, tout y est pour en faire un joyau de l’architecture Art-Déco.
Et c'est donc le 17 mai 2018 que Le Splendid a rouvert ses portes pour son inauguration.
Une histoire singulière dans un documentaire
Le film "Le Splendid" retrace en images l'histoire hors du commun de ce lieu. Comme un hommage à cet établissement inscrit à l'inventaire des Monuments historiques depuis 1991, il alterne témoignages, images d'archives exceptionnelles et d'autres choses encore pour le faire revivre, comme avant, plongeant immédiatement le téléspectateur dans une ambiance particulière.
Car, plus qu'un palace, il est un rond-point d’émotions et de souvenirs.
C’est sûr, les murs du Splendid ont une âme.
Cécile Léna, artiste
La parole est notamment donnée à l'historien Kévin Laussu et à Guy Ricard, LA mémoire du personnel. Ancien barman entré en 1973 et resté jusqu’à la fermeture, il a connu tous les métiers de l’hôtel, ses transformations et tous les anciens employés.
Le passé se met toujours quelque part. Et Le Splendid en fait partie.
Guy Ricard
Mais au fait, pourquoi ce film ? C'est la question posée au réalisateur.
«C’est l’hôtel des riches !» me disait mon grand-père. J'avais cinq ans et le mythe du Splendid était né dans ma tête. Depuis 1929, cet hôtel est à la fois témoin et acteur de l’histoire de Dax et bien au-delà, il attire des personnalités qui ne seraient peut-être jamais venues dormir sur les bords de l’Adour : Sacha Guitry, Maurice Utrillo, Orson Welles, Ernest Hemingway, Lauren Bacall ou Ava Gardner. De par sa genèse improbable, son architecture Art Déco et sa fréquentation digne d’un casting hollywoodien, le mystère du Splendid est vertigineux.
Sébastien Hondelatte
Pour plonger dans l'histoire du bien nommé Splendid tout autant que dans l'univers du film, découvrez sa bande-annonce.
Documentaire "Le Splendid" : diffusé le jeudi 12 janvier à 22.50 sur France 3 Nouvelle-Aquitaine
A voir et à revoir sur na.france3.fr et france.tv pendant un mois après sa diffusion
Un film réalisé par Sébastien Hondelatte
Production : Saison Cinq - France 3 Nouvelle-Aquitaine
52 min
crédit photo : Saison Cinq