L'hôpital de Dax est-il sauvé du plan de redressement qui condamnait 40 postes ? Si le maire de la ville l'affirme après s'être entretenu avec Geneviève Darrieussecq, nouvelle ministre de la Santé et ancienne députée des Landes, les salariés se méfient des promesses.
L'annonce a fait l'effet d'une bombe. Le plan de redressement qui planait depuis des mois sur l'hôpital de Dax est annulé. Ou du moins, dans sa forme initiale. Les 40 emplois en sursis seraint sauvés et les quelque 35 lits menacés de fermeture également. "Les suppressions de postes à l’hôpital de Dax ne sont plus d’actualité", s'est avancé le maire de la ville landaise, Julien Dubois, ce vendredi matin, sur sa page Facebook.
La veille, l'édile expliquait sur le réseau social s'être longuement entretenu avec Geneviève Darrieussecq, fraîchement élue ministre de la Santé et députée des Landes jusqu'au remaniement. "J'ai fait valoir la nécessité qu'il y avait à préserver l'emploi au sein de notre établissement et ne doute pas que son écoute attentive, ainsi que sa fine connaissance du dossier, nous permettront d'avancer sereinement dans le sens espéré."
Elle a regardé ce dossier de manière objective, comme elle regarde tous les dossiers d'établissements hospitaliers.
Julien DuboisMaire de Dax
Amélioration des finances
Les finances en berne de l'hôpital se seraient donc soudainement améliorées. Le plan de redressement annoncé en mars par la direction devait permettre de faire face à un déficit qualifié d'historique. "Les déficits constatés sont encore réels même si la trajectoire nous fait dire que l'on va dans le bon sens. Le plan de redressement sera à retravailler, mais nous avons convenu avec l'ARS que ça ne passera pas par des suppressions de postes", indique Julien Dubois qui défend, comme de nombreux élus, la nécessité de maintenir ce service de santé sur un territoire en croissance démographique.
Depuis le début de l'année, l'ARS a soutenu l'établissement dacquois à hauteur de 7,6 millions d'euros. "Les premiers retours positifs font apparaitre des gains potentiels permettant d’améliorer la trésorerie de l’hôpital et d’autres sont à venir", justifie l'Agence régionale de santé. Celle-ci aurait également certifié au maire que "les investissements nécessaires pour maintenir la structure seraient maintenus".
Méfiance de l'intersyndicale
L'intersyndicale (CGT, FO et CFDT), en lutte depuis des mois contre les suppressions de postes, se méfie de ce qui pourrait ressembler à un "effet d'annonce". Ce jeudi 26 septembre au matin, une nouvelle rencontre avec le directeur général de l'ARS Nouvelle-Aquitaine était organisée pour échanger à ce sujet. À aucun moment, il n'a été question d'une annulation du plan. "On nous a dit que ce n'était pas possible d'annuler le plan, mais qu'on pouvait le retravailler avec les chefs de pôles, les organisations syndicales, les encadrants, les médecins. Il va être mis en pause", explique Mélanie Bisensang-Rousseau, secrétaire de la CFDT du centre hospitalier.
Nous demandons aux élus d'être très prudents dans les effets d'annonce. Il y a toujours un plan de redressement. Cela veut tout de même dire des restrictions budgétaires qui peuvent être dramatiques pour la prise en charge des usagers.
Géraldine MadounariSecrétaire générale CGT à l'hôpital de Dax
Une nouvelle feuille de route devrait être lancée "dans les jours à venir", rapporte la syndicaliste, peu optimiste. Les représentants du personnel dénoncent un "double langage". "Aujourd'hui, notre état d'esprit est comme le temps dehors : mitigé. C'est gris, c'est l'interrogation, rien n'est clair. Nous serons rassurés lorsque nous aurons quelque chose d'écrit et d'officiel", tranche Mélanie Bisensang-Rousseau.
Lors de sa passation de pouvoir, en début de semaine, Geneviève Darrieussecq lançait : "Excusez-moi de vous dire que je ne ferai pas de miracle. Je ne suis pas une fée. Par contre, je dirai la vérité, nous devons tous nous retrousser les manches et travailler en responsabilité." Une parole politique qui avait alors inquiété les syndicats. "On a un peu peur que la nouvelle ministre de la Santé ne soit pas le poids lourd dont on aurait besoin pour peser sur les arbitrages du gouvernement", précise François Dubroca, secrétaire adjoint de la CFDT de l'hôpital.
Oui, elle est Landaise, mais elle n'est pas ministre de la Santé des Landes non plus.
François DubrocaSecrétaire adjoint de la CFDT de l’hôpital de Dax
La prise de parole la nouvelle ministre de la Santé a forcément été suivie avec attention depuis les Landes. "L'hôpital de Dax est à l'image de l'hôpital public en France. Il est en déficit massif : 14 millions en 2023 à Dax, 8 millions à Bayonne, un équilibre très précaire à Mont-de-Marsan", réagissait le président du Conseil départemental Xavier Fortinon, lui aussi peu convaincu qu'avoir une ministre Landaise puisse réellement peser dans la balance.