Humidité, limaces, récoltes décalées... les agriculteurs subissent la météo : "ça nous empêche de travailler correctement"

Les fortes pluies de ces dernières semaines s'éternisent dans le sud ouest. Premières victimes du mauvais temps, les agriculteurs. Leurs semences ont déjà pris du retard et laissent craindre de fortes pertes.

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Printemps pluvieux, printemps heureux ? Difficile à admettre du côté des agriculteurs de la région. Une main dans la terre, Thomas Brédé constate les dégâts : sec en surface, le sol devient rapidement très humide. La conséquence de plusieurs semaines de précipitations sur ses terres, à Saint-Martin-de-Hinx dans les Landes. "Ça nous empêche de travailler correctement sur nos parcelles", explique le président des jeunes agriculteurs du Modef.

Les semis en retard

Ici, Thomas Brédé a fait le choix de semer du tournesol il y a quelques jours. Il devrait sortir de terre prochainement, mais le pari est risqué tant cette culture a besoin d'eau et de chaleur : "On doit avancer, même si on ne sait pas vraiment comment faire. Donc, on essaie de s'adapter." 

Le maïs, lui, n'est toujours pas planté alors que la pratique impose un semis début mai. Mais avec les fortes pluies, impossible pour les agriculteurs de se plier aux délais. Certains estiment n'avoir plus connu ça depuis 2003. Et l'inquiétude monte sur les conséquences de tels épisodes, comme l'explique Thomas Brédé : "On prend du retard sur les semis, donc nos récoltes risquent d'être décalées."

Le maïs devrait être sorti, là il est dans les sacs.

Raphaël Geneze

Eleveur et cultivateur

Le décalage des récoltes, c'est justement ce que craint Raphaël Geneze, installé à Tercis-les-Bains. A l'abri de la pluie dans son étable, lui pense déjà à faire évoluer sa pratique dans les années à venir, en "changeant les variétés actuelles pour des variétés plus précoces" que le maïs, très tardif. Objectif : pouvoir récolter assez tôt pour éviter "le risque de pluie de l'automne, qui impacterait les rendements."

Des coûts supplémentaires

Ces précipitations touchent donc aussi à l'économie même des exploitations. Elles pourraient cette année être confrontées à des récoltes plus faibles et des coûts supplémentaires, résultats des fortes précipitations. Le séchage des cultures pourrait notamment impacter le portefeuille des agriculteurs, selon Thomas Brédé : "On va récolter avant l'automne, mais le maïs n'aura pas eu le temps de sécher, ce sont les coopératives qui s'en occuperont. Automatiquement, nos dépenses vont augmenter." Ajouté à cela, la hausse de l'électricité et du gaz ces derniers mois : "ce pourrait être catastrophique", alerte le président des jeunes agriculteurs du Modef.

L'humidité pourrait également attirer certaines bêtes, comme les limaces, nocives à la culture de tournesol par mauvais temps. Soit autant d'autres petites dépenses qui s'accumulent sur le long terme pour les professionnels.

Au-delà des cultures, les animaux sont aussi touchés, pour la plupart enfermés dans les étables depuis plusieurs semaines. Raphaël Geneze élève des vaches reproductrices, il regrette que ses bêtes ne soient pas encore dans les prairies : "Il fait trop froid. Et je sais que ça aura des conséquences sur les reproductions. On aura du retard dans les naissances."

D'ici les prochains jours, le temps devrait s'assécher un peu. Une petite fenêtre de tir pour Thomas Brédé : "On espère semer cette semaine ou la semaine suivante."

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