Intervilles : le jeu télévisé culte pourrait revenir sans les vachettes, consternation dans les Landes

Intervilles va faire son grand retour à l’été 2025, après avoir disparu, pendant 15 ans. Présentée par Nagui, l’émission phare devrait revenir dans une nouvelle version, probablement sans vachettes. Une annonce qui déçoit en Aquitaine où les jeux avec ces vaches typiques incarnent la tradition.

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“Sha-NA-na-na-nana”, pour toute une génération, le générique d’Intervilles résonne encore dans les mémoires. Le jeu culte, où des villes s’affrontent sur différentes épreuves, revient cet été 2025 sur France Télévisions avec sans doute une absence qui fait déjà grincer des dents : celle des vachettes. Si France Télévisions ne s’est pas encore prononcée, Nagui, le nouveau présentateur, avait déclaré en 2020, lors d’un premier lancement empêché par le Covid, qu’il refusait d’y voir des vachettes.

Top à la vachette

Dans les Landes, c’est une évidence. “Intervilles sans les vachettes, ce n’est pas Intervilles”, lance un retraité, installé sur un banc près des arènes de Dax.

Dans la ville landaise, l’émission, qui réunissait à son zénith plus de huit millions de téléspectateurs, est presque une part du patrimoine. “Intervilles, c’est la valorisation de notre culture gasconne auprès de dizaines de milliers de Français, qui n’étaient jamais venus dans les Landes”, lance François Bordes, historien et membre de la fédération de la course landaise, en référence aux toros-piscines landais.

À l’évocation du nom, chacun a son souvenir. “J’ai participé à une émission pour la ville de Floirac”, lance, goguenard, un sexagénaire. Plus loin, les souvenirs se sont fabriqués derrière l’écran, dans un canapé.“C’est toute mon enfance, on regardait ça tous ensemble. C’était un spectacle pour toute la famille”, sourit une cycliste.

C’était l’émission qu’on regardait en vacances avec Ford Boyard. Intervilles, c’est “top à la vachette” pour moi.

Une adepte d'Intervilles

Un top qui risque pourtant bien de disparaître au grand dam des adeptes landais. “C’était l’attrait d’Intervilles. Je ne suis pas sûr que sans elles, il y aura beaucoup d’engouement”, prédit, entre autres, un retraité. Sur Facebook, lors de l’annonce de Nagui en 2020, un groupe “Non à Intervilles sans vachettes” avait alors été créé, réunissant plus de 15 000 personnes.

Bien-être animal

Leur retrait serait justifié par la volonté de préserver le bien-être animal. Un argument déjà avancé, en 1996 par la SPA, qui se disait alors choquée par des vachettes “souffre-douleurs paniquées, harcelées de tous côtés, essoufflées, contraintes de courir et de tomber souvent".

Un préjugé, pour François Bordes. “Les gens qui en parlent feraient bien de venir voir comment les vachers bichonnent leurs bêtes. Notre intérêt, éleveurs comme fédérations, c’est que nos animaux soient bien. On a besoin de nos vaches, donc autant les préserver”, illustre le fervent défenseur de la course landaise.

Quant aux images de blessures ou de glissades capturées par les caméras, “ce ne sont pas des blessures graves”. “Ce sont des jeux qu’elles ont intégrés, elles ne sont pas stressées, elles sont concentrées. Quand elles montent dans le camion, elles savent très bien ce qu’elles vont faire dans l’arène”, assure l'historien landais.

“C’est toute notre histoire”

Dans son exploitation, Teddy Labat regarde ses vaches avec nostalgie. “Elle, c’est Estelle, elle a 15 ans et elle a participé aux dernières émissions”, sourit l'éleveur. Si aujourd’hui Estelle est à la retraite, elle n’a pas été la seule à obtenir quelques minutes d’antenne. “Intervilles, c’est tout un pan de l’histoire de notre élevage. On y participait depuis 1962. Ce sont pleins de super souvenirs…”, reconnaît amèrement Teddy Labat. “Ils auraient au moins pu changer le nom, s’ils ne mettent plus de vachettes.”

Depuis tout petit, je regardais mon papa à la télé en train de batailler pour rentrer une vache, ça a toujours fait partie du paysage de la maison.

Teddy Labat,

Eleveur de vaches

S’il espère encore que son téléphone va sonner, il confie lui aussi ne pas comprendre les alertes concernant le bien-être de ses vachettes. “Ce sont elles qui choisissaient ce qu’elles faisaient, on ne dresse pas ces vachettes, on ne leur impose rien”, précise l'éleveur. “Ce sont des stars. C’est indispensable de bien connaitre nos vaches et de les respecter.”

Chacune de ses vaches, présentes dans des spectacles qu’il présente, ne sort jamais plus d’une fois par semaine, pour ne pas les brusquer. “Et en fin de carrière, elles restent chez nous pour finir tranquillement leurs jours.”

Longue histoire

L’émission phare créée par Guy Lux et Claude Savarit débarque en 1962 sur le petit écran. Inspiré par un programme italien, Intervilles est diffusé, dès sa première édition depuis Dax qui affronte alors Saint-Amand-les-Eaux, une commune du Nord. “Un moment d’anthologie”, confient certains téléspectateurs déjà présents derrière leur télévision.

Les deux villes vont se retrouver ensuite en finale qui consacrera Dax comme première lauréate de l’émission. Elle en remportera finalement le titre trois fois, comme l’autre capitale landaise, Mont-de-Marsan.

Malgré plusieurs périodes d’absences, l’émission est diffusée jusqu’en 2009 principalement sur France 3. Avant 2004, l’émission durait plusieurs heures et n’était pas diffusée quotidiennement. Son succès a notamment tenu à ces épreuves avec les vachettes, directement inspirées des courses landaises. Parmi les plus grandes stars à cornes, Rosa, une vache du troupeau Labat, venait tout droit de Saint-Vincent-de-Paul. 

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