Grippe aviaire dans les Landes : la "mise à l’abri" des canards oblige les éleveurs en plein air à s’adapter

Depuis le 5 novembre 2021, tous les éleveurs de volailles sont obligés de claustrer, "confiner", leurs animaux. En cause : le risque "élevé" de circulation de la grippe aviaire parmi la population de volatile. Dans les Landes, l’identité des élevages en plein air est mise à mal et oblige la filière à s’adapter.

"Cette année, je vais produire 1500 canards au lieu des 2500 prévus", constate Rémi Lescoute, un éleveur-gaveur de canards en plein air dans les Landes. Depuis le 5 novembre 2021, comme tous les éleveurs de volailles en métropole, il a dû claustrer ses volailles. En cause ? Le risque "élevé" de circulation de la grippe aviaire parmi les élevages. "Des mesures de prévention renforcée" s’appliquent afin de protéger les élevages de volailles. Elles comprennent notamment la "mise à l’abri des volailles des élevages commerciaux et la claustration ou mise sous filet des basses-cours", peut-on lire sur le communiqué du ministère de l’agriculture.

Pour les éleveurs des Landes, l’élevage en "plein air" est une identité, ce qui rend presque antithétique cette obligation. Alors, Rémi Lescoute tente de s’adapter. "Pour pouvoir produire des canards, toujours en plein air et de qualité, on a décalé le planning pour avoir un minimum de canards qui devraient être mis à l’abri. Actuellement, j’ai été obligé de claustrer ma dernière vente de canards qui représente 300 canards", explique-t-il.

Mais ces adaptations ont pour conséquence une diminution de sa production de canards ainsi qu’une augmentation des coûts, indique l'éleveur : "Le canard nous coûte plus cher. Il y a du surcoût tous les ans et les gens peuvent aussi prendre la décision de ne pas avoir le portefeuille pour acheter ces produits-là donc malheureusement ça pourrait avoir à terme de mauvaises conséquences dans le mauvais sens."

Un cahier des charges modifié, un label conservé

Une crainte du côté de l’éleveur et des incertitudes du côté des conserveries artisanales qui ne travaillent qu'avec du canard élevé en plein air. Car les canards, ainsi claustrés, n’ont pas la liberté complète de parcours ou encore de grattage des sols qui garantissent la qualité de ces volailles "élevées en plein air". Ainsi, la question de la qualité des produits se pose. "Je vous le dirai en février ou mars. Pour l’instant je n’en sais rien. Je n’ai jamais traité de canards claustrés. Pendant les 6 mois de grippe aviaire je n’avais pas acheté de canards claustrés. Il faudra revenir en mars", répond Sandrine Lesgourgues, dirigeante de la maison Paris à Pomarez qui travaille avec une quinzaine d'éleveurs de canards.

Pour autant, le label rouge de qualité certifiant le plein air et donc la qualité des canards, n’est pas perdu pour les éleveurs et donc aussi pour les transformateurs. Une modification temporaire du cahier des charges de l’Institut National de l’origine et de la qualité (INAO), permet de pérenniser le label élevage en plein air. "Il s’agit d’une disposition très spécifique, prévue par la réglementation française et européenne dans des circonstances exceptionnelles et qui fixe un cadre précis", explique-t-on sur le site de l’INAO.

"Il n’y a pas de tromperie, rassure Marie Lesgourgues, technicienne en charge des élevages à la maison Paris. Les autres caractéristiques du label rouge sont conservées et il y a un décret officiel qui est paru autorisant l’utilisation label rouge pour les canards élevés en claustration. C’est pas l’idéal, ce n’est pas les valeurs qu’on veut défendre mais c’est une situation officielle qui s’adaptent à une autre situation officielle qui nous oblige la mise à l’abri de nos animaux." 

Avec les éleveurs, on a réfléchi collectivement pour trouver des petites solutions et tenter de diminuer les risques. On a diminué la taille des groupes dans l’élevage et on les a espacé dans le temps de manière à diminuer le nombre d’animaux présents sur l’exploitation. On était déjà dans un schéma de petites structures et là on a encore réduit le nombre d’animaux. Ça nous permet en cas de claustration, comme à l’heure actuelle, d’avoir dans les bâtiments, des toutes petites densités : au lieu de 5 canards au m2 on va être à 2 canards. Cela techniquement pour l’éleveur c’est beaucoup plus facile en terme de bien-être animal et du sien de travailler dans ces conditions-là.

Marie

Pour rappel, l’influenza aviaire, appelée communément la grippe aviaire, n’est pas transmissible à l’Homme par la consommation de viandes de volailles, œufs, foie gras et plus généralement de tout produit alimentaire, rassure le ministère de l'agriculture.

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