Dans les Landes, la Fédération départementale des chasseurs des Landes est dans une mauvaise impasse. Les dégâts causés par les sangliers risquent de mettre leurs comptes dans le rouge.
Depuis 1968, les dégâts dus aux sangliers sont intégralement remboursés par la Fédération de chasse. Mais aujourd'hui, les dégâts dépassent le budget. Cette année, près de 100 hectares de cultures ont été détruits. C'est cinq fois plus que l'an dernier.
"Le bilan que l'on craignait se confirme. On a 1,6 millions d'euros de déficit budgétaire dans ce dossier ce qui dépasse nos liquidités. La conséquence de tout ça, c'est qu'on mette la clé sous la porte", regrette Jean-Luc Dufau, vice-président de la Fédération des chasseurs des Landes.Au niveau national, le coût de ces dégâts s'élèvent à 80 millions d'euros cette année, contre 30 millions d'euros l'année dernière.
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Fermeture de la Fédération
Mettre la clé sous la porte, cela signifie vingt salariés au chômage. "Nous ne pourrons plus honorer nos missions", assène Jean-Luc Dufau.
Ce budget d'indemnisation est alimenté grâce au Plan de chasse et aux associations de chasseurs. Mais la majeure partie est financée par les chasseurs eux-mêmes, par le biais de leur adhésion et de leur permis de chasse.
Avec un veillissement parmi les chasseurs et peu de nouvelles recrues, le nombre de chasseurs décroit chaque année. En parallèle, le nombre de sangliers ne cesse d'augmenter.
En cause : un hiver doux et de moins en moins de nourriture en forêt poussent les sangliers à s'alimenter dans les cultures. Les Landes et les Pyrénées-Atlantiques sont donc particulièrement touchés, du fait de leur activité agricole.
Des emprunts impayés
Mais avec l'augmentation des dégâts, la Fédération n'y arrive plus, et des dizaines d'agriculteurs risquent de se retrouver sans indemnisation.
"Il y a une cinquantaine d'agriculteurs qui sont très en difficulté, dont trente qui ont des déficits de plus de 45 000 €", détaille Denis Laffargue, responsable des indemnisations à la Chambre d'Agriculture des Landes.
Une situation difficile pour ces agriculteurs, à un mois de la nouvelle campagne de semis. Ils ont pour certains emprunté pour acheter leur semis, avant d'être détruits par les sangliers.
Le conseil constitutionnel saisi
Pour pallier ce problème, les chasseurs et la Chambre d'agriculture ont sollicité l'aide de la Région et du Département. Ils réclament notamment une réforme du système.
"Il est anormal aujourd'hui que les chasseurs assument une mission de service public sans compensation qui plus est, est sanctionnée financièrement", résume le vice-président de la Fédération des chasseurs des Landes.
Certains chasseurs ont donc évoqué la mise en œuvre d'une question prioritaire de constitutionnalité (QPC). La saisie du Conseil constitutionnel devrait se décider lors du Congrès national des chasseurs, qui se réunit ce mercredi 04 mars.